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Trophée Jules Verne

Fin de route pour Bruno Peyron • de Kersauson seul à poursuivre Fossett

Peyron : "Nous devons peut-être avoir des ambitions plus progressives"

mercredi 3 mars 2004Christophe Guigueno, Redaction SSS [Source RP]

La course est terminée pour Orange. Philosophe, Bruno Peyron ne cache pas qu’avant de s’attaquer à l’Evrest de la voile, il faut accumuler des milles et des milles. Alors qu’un trimaran de 60 pieds met près de deux années pour pouvoir être exploité au maximum de ses possibilités, la mise au point d’un géant de 30 à 40 mètre ne peut être efficace en un mois. Les deux survivants de ce difficile projet (tourner le plus vite possible autour du monde à la voile) le prouvent. Geronimo qui s’est élancé plusieurs fois sur ce parcours connait bien la loi des sports mécaniques dont parle Alain Prost, le parrain d’Orange 2. Cheyenne, lui, en est à sa deuxième tentative après une descente de l’Atlantique avortée lors de The Race. Cette année encore, il a bien failli faire demi-tour suite à des problèmes d’étais. Mais le voilà qui file toujours devant, en plein Indien...

• A bord d’Orange 2 : Des ambitions plus progresssives

Bruno Peyron rebrousse chemin. Il lui sera quasiment impossible de repartir autour du monde cet hiver...
Photo : G.Martin-Raget/Orange

Bruno Peyron et ses quatorze équipiers ont décidé cette nuit de se retirer momentanément de la course au Trophée Jules Verne suite à l’avarie constatée hier. « Nous avons plongé pour inspecter l’avarie, pris des photos, analysé la situation avec le chantier et force est de constater que nous sommes dans la quasi-impossibilité de réparer cette pièce. Nous sommes à 80% de nos possibilités et il est impossible de s’attaquer à un tel record Record #sailingrecord si l’on n’est pas à 100% de nos forces » déclare Bruno Peyron à la vacation du jour. Repartira, repartira pas ? « Je reste ouvert à toutes les éventualités et nous allons tout étudier avant de prendre une décision qui serait pour l’instant rapide. Revenir pour repartir, ça c’est sur ! Mais quand, je ne sais pas... ».

La déception est grande mais la sagesse est reine en ce mercredi 3 mars. « Si nous réussissions éventuellement à réparer, rien ne prouve que cette réparation ne connaisse le même sort ! Aussi, ce n’est pas notre ambition que de partir sur une tentative de record Record #sailingrecord sans être au maximum de nos moyens. Aussi la décision prise est de revenir, rentrer à la base, corriger les petits défauts de jeunesse d’Orange II pour mieux repartir » déclare Bruno Peyron ce midi. Rappelons que l’avarie est apparue dans la nuit de lundi à mardi et que ce sont d’importantes vibrations qui ont suscité l’inspection du dessous de la coque tribord (droite). Cette avarie est due au carénage profilé qui protège l’arbre d’hélice du moteur (Stern-Drive) qui est fissuré.

« Rappelons que l’avarie n’est absolument pas structurelle et que l’intégrité de la coque ne risque rien. Nous avons commencé en attaquant l’Everest parce que c’est d’actualité du fait de la saison. Nous devons peut-être avoir des ambitions plus progressives... Attaquer l’Everest, oui, mais une fois de plus au maximum de notre potentiel ».

Mis à l’eau le 22 décembre 2003, Orange II n’a eu que six semaines de mise au point et très peu de milles pour valider un certain nombre de détails qui, en cas d’avaries, peuvent être mineurs vu de terre mais majeurs en haute mer. D’autant que la logique se doit de rappeler qu’il est plus sage de prendre une telle décision, si difficile soit elle, à la latitude du Cap-Vert que de se retrouver avec cette nouvelle même avarie dans le grand Sud.

Le futur vainqueur de The Race, Club Med, avait quant à lui bénéficié de 20 000 milles de mise au point avant de prendre le départ de sa circumnavigation et que cette mise au point avait bénéficier aux deux autres sister-ships, Team Adventure et Innovation Explorer, futur Orange I.

« Avec toutes ces péripéties, c’est vrai que j’en oublie que nous sommes le détenteur du record aujourd’hui avec Orange I » lâche Bruno secoué par l’évidence de cette décision. « Mais que l’on ne s’y trompe pas, nous allons vendre chèrement ce record... » termine le détenteur du Trophée Jules Verne qui, pour anecdote, est le seul à inscrire deux Trophées Jules Verne sur deux tentatives.

Actuellement à 2 200 milles (4 074 kilomètres) de sa Bretagne natale, Orange II est à 12 heures ce jour à proximité de l’Ile de Santo-Antao (archipel du Cap-Vert). Il fait cap au nord-ouest à la vitesse Vitesse #speedsailing de 14 noeuds et navigue dans un vent de nord-est de 15/20 noeuds. Si l’objectif est de rallier la France le plus rapidement possible, le maxi-catamaran va devoir s’échapper des alizés qui l’oblige à naviguer au près en suivant un cap au nord-ouest pour aller accrocher le régime des dépressions balayant l’Atlantique Nord à cette saison. Une « cuillère » comme l’on dit en terme de voile qui augmente le nombre de milles à parcourir mais facilite la remontée vers la France. Nous pouvons estimer l’arrivée d’Orange II en vue de la Bretagne dans une semaine environ. Bruno Peyron n’a pas pour l’instant indiqué son port d’arrivée.

- Didier Quillot (PDG Orange France) : « Nous soutenons évidemment cette décision, car c’est faire preuve de sagesse que de revenir. Et si Orange II n’est pas à 100% de ses capacités, ce n’est pas la peine de continuer. Bruno sait que nous sommes avec lui et avec son équipage. Nous savons également que ce retour, ce sera pour mieux repartir ! Nous restons bien évidemment derrière eux et ce n’est pas notre habitude de ne pas faire face aux difficultés. Concernant un nouveau départ, seule la décision du skipper est à respecter. Bruno Peyron a notre entière confiance et reste dans notre esprit le favori pour le Trophée Jules Verne qu’il a gagné deux fois sur deux tentatives ».

- Alain Prost (parrain d’Orange II) : « Je comprends très bien la déception que doit connaître Bruno et l’équipage. Nous faisions avant le départ le parallèle entre le monde de la voile et le monde de la Formule 1 quant aux similitudes en tant que sport mécanique. Et là, elles sont évidentes. On peut naître avec des acquis importants comme ceux d’Orange II même si l’on doit subir de temps en temps quelques problèmes et avatars. Mais, je partage vraiment la douleur de toute l’équipe ».

- Laura Flessel (marraine d’Orange II) : « C’est vrai qu’en compétition, il y a des hauts et des bas... Mais le principal, c’est d’avoir sa conscience tranquille et de voir que cette superbe aventure Aventure sportive et économique se fasse dans cet état d’esprit avec un partenaire qui fasse entièrement confiance. On sait que tout ce qui se passe actuellement n’est pas fait pour rien et que c’est reculer pour mieux gagner ce trophée ! ».

Information Mer et Media pour / http://www.maxicatamaran-orange.com


• A bord de Geronimo : un trimaran droit dans le Pot-Au-Noir

Le trimaran de Cap Gemini et Schneider Electric continue sa descente vers l’Équateur, avec une sixième journée de 444 milles, droit vers un Pot au Noir qui s’annonce exceptionnel d’ampleur. Les simulations de passage, refaites toutes les six heures, suivant plusieurs modèles de calcul distincts, rivalisent de pessimisme. Pas de passage à l’Est, rien non plus à l’Ouest. Une analyse précise a cependant permis de choisir une stratégie par défaut, qui sera donc tentée avec l’enthousiasme que l’on devine.

Hier encore, la navigation était agrémentée par les attaques de Bruno Peyron et de ses 14 équipiers qui tentaient jour et nuit de reprendre l’avantage. Geronimo glissait avec aisance dans les alizés, poursuivi par un géant aux grandes jambes. Du jour au lendemain, plus de concurrent et bientôt plus de vent. L’analyse des petits airs et la marche de Geronimo redeviennent les seules préoccupations de l’équipage.

Les onze hommes ont une pensée amicale pour toute l’équipe d’Orange II, contrainte à l’abandon en plein envol. Ils mesurent l’immense déception des techniciens et marins qui ont construit, préparé et mené le grand catamaran, l’énorme quantité de travail en amont, frustrée de compétition. Ils espèrent pouvoir bientôt de nouveau se mesurer à ce géant des mers.

Le skipper, par ailleurs président du Trophée Jules Verne, précise « Ayant nous même connu des avaries, nous savons la souffrance que représente l’arrêt d’une tentative pour une équipe comme celle de Bruno. »

Information Rivacom pour Geronimo. A suivre sur http://www.trimaran-geronimo.com


A bord de Cheyenne : sur la latitude du Cap Leeuwin

Il fonce Cheyenne ! Encore une belle journée dans l’océan Indien et le catamaran américain passe aujourd’hui la latitude du Cap Leeuwin, le fameux deuxième des trois caps d’un tour du monde (avec Bonne Espérance et le Horn).

Lors des dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , le maxi multicoque de Steve Fossett a couvert 584 milles soit 24,33 noeuds de vitesse Vitesse #speedsailing moyenne ! Son meilleur chrono depuis son départ de la Manche. Le détenteur du record de l’Atlantique Record de l'Atlantique #SailingAtlanticRecord Nord en 4 jours a le tempo. Il compte désormais 1377 milles d’avance sur le tableau de marche d’Orange en 2002. Une estimation qui le porte à trois jours en dessous du temps de référence de Bruno Peyron.

Un nouveau record est d’ailleurs en vue. Celui de Geronimo entre Ouessant et le Cap Leeuwin (115°8 E). Cheyenne devrait améliorer son temps de 26 jours et 5 heures de près d’une demi-journée.

Brian Thompson, chef de quart : "On a filé cette nuit jusqu’à 34 noeuds en se positionnant en avant d’un front froid. Nous essayons d’aller le plus vite possible pour rester le plus longtemps en avant de ce front qui nous génère une mer plate et un vent à 120°. Nous sommes sous grand-voile à deux ris par 25-30 noeuds de vent portant."

CG / Source Fossett Challenge


JOUR 6

GERONIMO (Cap Gemini / Schneider Electric) : 09°22N - 27°54W
- 444 milles en 24 heures, soit 18,50 nœuds de moyenne

Record 2002 : 08°08N - 26°29W
- 373 milles en 24 heures, soit 15,54 nœuds de moyenne

JOUR 25

CHEYENNE : 51 29.550 S 106 11.180 E
- Avg Speed : 18.75 kts
- Dist. to Finish : 11 922.68 nm
- Required Avg Speed : 12.62 kts



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