Transat Jacques Vabre
Jean-Pierre Dick : « notre arrivée tourne autour de mardi matin »
Groupama garde 140 m d’avance sur Belgacom
vendredi 14 novembre 2003 –
- Ecover est revenu à 100 m de Virbac
- Photo Richard Langdon / Pixsail.com
Monocoques 60 pieds : « Les vents sont plus réguliers. Nous avons une brise de secteur Est et je pense que nous avons passé le Pot au Noir dans la nuit. La vie est belle, on se dirige directement vers Bahia, mais on reste vigilant, même si nous avons encore une bonne avance. Si les conditions restent stables, on peut être assez confiant, ça devrait bien se passer. » Jean-Pierre Dick peut avoir la voix posée et le regard tranquillement fixé sur le rétroviseur. Les Britanniques d’Ecover qui ont joué un bon coup cette nuit en se décalant vers l’Ouest et ont passé Sill, sont à plus de cent milles derrière Virbac. Encore dans les effluves du Pot au Noir, Mike Golding et Brian Thompson qui ont explosé leur troisième et dernier spinnaker jeudi, ont fait le tour par l’extérieur tandis que Roland Jourdain et Alex Thomson (Sill) étaient encalaminés sous un grain : « Ca va mieux maintenant, on vient de finir un plat de pâtes. Le paysage n’est pas trop mal et le vent est régulier. Je suis un peu embêté avec Ecover, ce n’est pas agréable de se faire passer comme ça, à cause d’un nuage mais ce n’est pas fini, on est à son vent. Hier après midi, nous avons eu un temps de Toussaint puis des grains. Maintenant, c’est beaucoup plus clair, il y a des petits cumulus, ce n’est pas trop pourri. Virbac à 100 milles, c’est beaucoup mais bon. on ne sait jamais.
Soixante milles derrière ces deux poursuivants, Riou-Beyou (PRB) et Moloney-Davies (Team Cowes beaucoup plus à l’Ouest) doivent se méfier du couple Josse-Autissier (VMI) qui revient fort depuis plusieurs jours. Mais sur l’ancien voilier vainqueur du Vendée Globe 2000, Jérémie Beyou (PRB) pensait un peu à autre chose qu’à la course : sa femme venait d’accoucher d’un garçon nommé Achille : « J’ai suivi l’accouchement en direct cette nuit. Je suis heureux, tout le monde se porte bien. Côté course, on avance bien à 13-14 nœuds. J’ai l’impression que l’on ne va pas rester bloqué dans le Pot et si on reste, ce ne sera pas longtemps. » Derrière, le peloton (Carrefour Prévention, Arcelor-Dunkerque, Garnier, Loire Atlantique.) va commencer a contrario à sentir les prémices du Pot au Noir qui semble moins coopératif que pour les leaders. Les écarts risquent fort de se creuser encore. Et à plus de 1 000 milles de Virbac, Tir Groupé ferme la marche : « Nous sommes le long des côtes africaines et plutôt plus à l’Est que nos concurrents, ce qui explique en partie notre place au classement. En partie seulement ! Il est vrai que nous n’avons pas eu de chance avec notre avarie survenue dès le premier jour et que le bateau n’est pas de la toute dernière génération. Et moi non plus d’ailleurs ! » plaisante Mike Birch
Monocoques 50 pieds : Pendant que Humphreys-Larsen (Hellomoto) s’envolent au portant dans les alizés, StorageTek bataille pour contenir le retour de Défi Vendéen. Mais rien n’y fait : la longueur à la flottaison fait la différence et Régis Guillemot et Olivier Salnelle (StorageTek) ne se font plus d’illusion, car dans les heures qui viennent, Jean-François Durand et Stéphane Chemin (Défi Vendéen) prendront la seconde place.
Multicoques : Après Groupama jeudi, les poursuivants commencent à sortir chacun leur tour du Pot au Noir comme l’indique Marc Guillemot : « Nous sommes enfin sortis du Pot ! Nous marchons actuellement à 23 nœuds sous gennaker. C’est très chaud sur le pont. Yann est à la barre et fait un super boulot. Ca recommence à beaucoup mouiller et nous allons ressortir le masque de plongée. La nuit a été très dure, avec des variations de vent incroyables. Nous sommes restés deux heures totalement arrêtés. Bonjour les angoisses ! Nous sommes repartis à fond depuis le lever du jour. La fatigue se fait sentir mais nous veillons à bien nous alimenter. L’équateur est devant nous à une petite centaine de milles. Nous avons Géant en ligne de mire. Tacchini est un peu dessous et Belgacom à 1 heure et demi devant. Nous devrions voir Salvador dimanche en soirée. » Les quatre trimarans (Belgacom, Sergio Tacchini, Géant et Biscuits La Trinitaine) plongent maintenant eux-aussi en route directe vers Bahia à la poursuite du tandem Cammas-Proffit qui navigue quant à lui dans un alizé de Sud-Est encore modéré de 15 nœuds. L’objectif des leaders est clair : « On approche du but dans des conditions sympathiques, on n’attaque pas trop, on est sur la route directe. Depuis le début, nous avons suivi une route « conservatrice » optimisée en fonction des données météos. Nous n’avons pas fait de choix extrême car le but du jeu Jeu #jeu , c’est finalement d’être devant. On doit juste gérer notre arrivée et choisir entre longer les côtes à partir de Recife ou prendre un peu le large. » comme l’indiquait Franck Proffit à la vacation de la mi-journée. Avec 140 milles d’avance sur Nélias-Peyron (Belgacom) et près de 200 milles sur Fauconnier-Foxall (Sergio Tacchini), Desjoyeaux-Jan (Géant) et Guillemot-Guichard (Biscuits La Trinitaine), la voie « conservatrice » de Groupama est logique. L’équipage sait que les conditions météo sont désormais stables pour les deux jours à venir et qu’il lui faut avant tout préserver le bateau et les voiles. Le son de cloche est évidemment différent pour la « bande des quatre » à ses trousses : non seulement ils cherchent encore à revenir sur le leader (l’atterrissage sur Bahia, le long des côtes brésiliennes pourrait peut-être réserver quelques surprises), mais surtout à se départager car les places sur le podium vont être âprement disputer : « n’importe qui entre ces quatre bateaux peut encore viser la place de dauphin » précisait Hervé Jan (Géant). La différence va se jouer sur la précision à la barre et le petit différentiel en longitude : Belgacom suivi par La Trinitaine est sur le 29° W tandis que Sergio Tacchini poursuivi par Géant est sur le 27° W. Cet écart d’une soixantaine de milles en latéral permet de choquer légèrement plus les écoutes et donc d’aller un ou deux nœuds plus vite pour ceux qui sont plus à l’Est.
Encore derrière, la lutte est aussi intense entre trois trimarans, eux-aussi très dispersés en longitude et qui vont sortir approximativement en même temps cette nuit du Pot au Noir. A l’Ouest, Monnet-Bourgnon (Sopra Group) a réalisé un superbe retour sur le peloton dans le sillage de La Trinitaine. Au centre, Coville-Vincent (Sodebo) suit la route de Groupama et très à l’Est, Roucayrol-Bidégorry (Banque Populaire) tentent leur chance avec réussite semble-t-il : avec un décalage de plus de 150 milles en latéral, ils peuvent revenir très fort car ils pourront naviguer vent de travers pendant que les autres seront au près légèrement débridé, une différence de vitesse Vitesse #speedsailing qui peut monter jusqu’à quatre-cinq nœuds ! A plus de 1 000 milles de l’arrivée à 16h00 ce vendredi (sauf Groupama à 850 milles), le jeu Jeu #jeu reste très ouvert pour ces deux groupes mais devant, les deux Franck semblent désormais à l’abri d’un coup tactique.
Dominic Bourgeois
Brèves de café
Dominique Wavre - Carrefour Prévention : "Pour l’instant, on progresse encore pas trop mal. Visiblement on fait tous à peu près le même cap. On ne peut pas trop abattre, on est au largue sous spi et on privilégie la vitesse
Vitesse
#speedsailing
en essayant de tirer parti au mieux de la quinzaine de noeuds que l’on a en ce moment. C’est le vent qui aura le dernier mot. S’il refuse on abattra peut-être un peu pour mettre de l’Ouest dans notre Sud, mais pour l’instant, la stratégie consiste à privilégier la vitesse et la descente dans le Sud...."
Info Bleue Salée
Sam Davies - Team Cowes : Nous sommes contents d’avoir repris des milles la nuit dernière. Croisons les doigts pour que la traversée du Pot au Noir soit de courte durée... On dirait que nous sommes en train de tomber dans un orage. Je dors donc à la table à cartes, prête à bondir au cas où. Je ne veux pas laisser Nick tout seul dans ces conditions. L’atmosphère est très électrique ce soir.
Nous avons mis le grand spinnaker pour aller le plus vite possible. Il fait noir comme dans un four dehors et ce n’est pas facile de barrer avec si peu de visibilité. On ne peut même pas voir l’horizon, donc on utilise les instruments et la sensation du vent sur le visage. Il y a quelques belles vagues sur lesquelles on peut surfer à 20 noeuds. Mais il faut faire attention de ne pas rester coincé en haut de la vague (risque de gamelle, de perdre le spi et d’abimer le bateau), ou trop bas dans la vague. Donc c’est concentration maximum ! Le ciel est illuminé par de nombreux éclairs (qui sont dus je pense à la chaleur et à l’humidité ambiante).
Nous craignons les rafales mais nous n’y voyons pas assez clairs pour observer la formation de nuages. C’est un peu comme naviguer à l’aveuglette. Il ne faudrait pas se faire prendre par une grosse rafale avec toutes les voiles que nous portons. Le spi est prêt à être affalé, mais nous ne pouvons le descendre que si c’est vraiment nécessaire car il faut garder de la vitesse pour ne pas être rattrapés par les bateaux dans l’Est. Nous devons prendre le maximum d’avance possible car une fois passé le Pot au Noir, nous aurons moins d’opportunités de revenir. Nous savons que nous ne sommes pas aussi rapides que les autres en ligne droite.
Info Offshore Challenges
Roland Jourdain - Sill : « Quelle mauvaise nouvelle pour un réveil ! J’ai les boules. On ne comprend pas comment ils ont pu faire pour revenir à ce point ! Est-ce le vent ou la vitesse pure ??? Dans notre flotte de monos, il n’y a pourtant pas de grand décalage Est-Ouest ! Hier, Mike était dans notre axe jusqu’au moment où il s’est décalé sur l’Ouest alors qu’à bord de Sill, nous devions faire face à un nuage bizzaroïde qui a engendré un refus, puis une molle. Ca a suffit pour faire le trou ! C’est très énervant ! »
Info Welcome Onboard
Mike Birch - Tir Groupé : "Nous sommes le long des côtes africaines et plutôt plus à l’est que nos concurrents, ce qui explique en partie notre place au classement. En partie seulement ! Il est vrai que nous n’avons pas eu de chance avec notre avarie survenue dès le premier jour et que le bateau n’est pas de la toute dernière génération. Et moi non plus d’ailleurs ! Nous avons enfin réussi à réparer notre Mini M, car nous étions depuis le départ sans aucune liaison avec la terre et nous commencions à nous dire que nous allions faire toute cette traversée sans jamais entendre le son d’une autre voix que les nôtres. Si nous fermons aujourd’hui la marche, nous sommes rivés à la position des deux qui nous précèdent, et nous sommes sans cesse au travail pour exploiter le potentiel de Tir Groupé."
Info M.Turcat
• CLASSEMENT 14/11/03 15:00:00 GMT
Carte de positions ESRI : http://voile.esrifrance.fr/default_...
Rang
Nom du Bateau
Latitude
Longitude
Vit
Cap
Date - Heure
Dist. Arrivée
Dist. du 1er
MONOCOQUES 60 Open IMOCA
1
VIRBAC
2 12.80’ N
27 38.12’ W
11.3
206
14/11/03 14:14:00
1121.8
0.0
2
ECOVER
4 15.20’ N
27 55.40’ W
12.6
187
14/11/03 14:44:00
1224.1
102.3
3
SILL
4 06.64’ N
27 12.08’ W
13.7
199
14/11/03 14:44:00
1237.8
116.0
4
PRB
5 22.56’ N
27 25.96’ W
11.6
191
14/11/03 14:14:00
1291.8
170.0
5
TEAM COWES
6 19.52’ N
29 51.00’ W
8.8
210
14/11/03 14:44:00
1293.1
171.3
6
VMI
5 42.20’ N
26 53.16’ W
11.3
198
14/11/03 14:46:00
1330.6
208.7
7
CARREFOUR PREVENTION
7 29.60’ N
26 43.16’ W
11.7
203
14/11/03 14:44:00
1429.8
308.0
8
ARCELOR-DUNKERQUE
9 28.88’ N
22 42.52’ W
8.9
183
14/11/03 13:30:00
1644.1
522.3
9
GARNIER
12 44.84’ N
26 49.68’ W
13.0
193
14/11/03 14:14:00
1709.6
587.8
10
LOIRE ATLANTIQUE
13 15.52’ N
22 19.48’ W
13.0
185
14/11/03 14:14:00
1851.7
729.9
11
60e SUD
19 18.36’ N
25 50.16’ W
9.4
200
14/11/03 14:44:00
2106.1
984.2
12
ADECCO
18 14.24’ N
21 32.88’ W
7.1
221
14/11/03 14:44:00
2141.5
1019.7
13
TIR GROUPE
19 25.84’ N
19 17.04’ W
10.5
219
14/11/03 14:44:00
2265.8
1143.9
MULTICOQUES 60 Open ORMA
1
GROUPAMA
1 17.72’ S
30 36.36’ W
20.1
206
14/11/03 14:44:00
854.6
0.0
2
BELGACOM
01 04.98’ N
28 50.80’ W
17.9
211
14/11/03 13:04:00
1001.3
146.7
3
SERGIO TACCHINI
0 49.88’ N
27 20.72’ W
16.3
207
14/11/03 13:44:00
1053.6
199.1
4
BISCUITS LA TRINITAINE
1 24.32’ N
28 35.84’ W
18.3
208
14/11/03 14:44:00
1055.4
200.8
5
GEANT
1 05.40’ N
27 00.68’ W
18.1
212
14/11/03 12:54:00
1061.2
206.6
6
SOPRA GROUP
3 08.28’ N
28 55.20’ W
13.5
196
14/11/03 14:44:00
1137.3
282.7
7
SODEBO
2 10.32’ N
27 11.40’ W
20.3
210
14/11/03 14:44:00
1140.0
285.4
8
GITANA
04 13.00’ N
27 18.00’ W
14.4
214
14/11/03 08:30:00
1150.6
296.0
9
BONDUELLE
3 57.16’ N
28 43.04’ W
13.0
192
14/11/03 14:44:00
1186.5
331.9
10
BANQUE POPULAIRE
2 50.48’ N
25 21.12’ W
21.9
209
14/11/03 14:44:00
1238.2
383.7
11
FONCIA
5 15.88’ N
28 36.52’ W
21.6
193
14/11/03 14:44:00
1260.4
405.8
12
BAYER CROPSCIENCE
7 43.28’ N
28 22.84’ W
20.6
199
14/11/03 14:44:00
1401.5
546.9
13
BANQUE COVEFI
8 07.36’ N
24 18.60’ W
16.0
186
14/11/03 14:14:00
1526.0
671.4
MULTICOQUES 50 Open
1
MOLLYMAWK
24 37.16’ N
17 28.32’ W
7.0
219
14/11/03 14:44:00
2586.5
0.0
MONOCOQUES 50 Open
1
HELLOMOTO
15 40.96’ N
24 20.80’ W
12.5
193
14/11/03 14:44:00
1933.9
0.0
2
STORAGETEK
19 59.16’ N
24 30.20’ W
8.8
199
14/11/03 14:14:00
2165.3
231.5
3
DEFI VENDEEN
19 03.48’ N
22 02.72’ W
10.8
204
14/11/03 14:44:00
2173.0
239.1
Dans la même rubrique
Transat Jacques Vabre : Groupama maintient le rythme avec 139 milles d’avance sur Belgacom
Transat Jacques Vabre : Groupama arrive dans le Pot-au-Noir • 551 milles pour Gitana
Transat Jaques Vabre : Virbac et Groupama caracolent en tête au passage du Cap-Vert
Transat Jacques Vabre : "L’affaire Virbac se corse" pour l’équipage de Sill