-Du 2 au 11 mai : Une semaine de festivités et de succès populaires à Cherbourg-Octeville et 2 734 milles devant les étraves avant d’atteindre Rimini (Italie), pour les douze inscrits de ce Challenge Mondial Assistance. Soit l’équivalent d’une Transatlantique. Ici point d’océan à traverser, mais un parcours technique, plein d’embûches, qui a l’immense mérite de laisser une totale liberté aux douze équipages engagés. Sur les instructions de course, la bible des marins en compétition, une seule marque de parcours est à respecter : la Sicile qu’il conviendra de laisser à bâbord.

 Dimanche 11 mai : La deuxième édition du Challenge Mondial Assistance s’est élancée comme prévu à 15 heures précises. Salués par un vent de secteur sud-sud-ouest soufflant entre 15 et 20 nœuds, les douze multicoques ont tous coupé, en une belle synchronie, la ligne en bâbord amure pour rejoindre sur un bord la marque suivante. Michel Desjoyeaux (Géant) est crédité du meilleur départ, mais au fil des minutes Lalou Roucayrol (Banque Populaire) et Jean Maurel (Bayer CropScience), forts d’une meilleure vitesse Vitesse #speedsailing , sont parvenus à doubler le vainqueur de la dernière Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum . Après une demi-heure de régate, soit à la fin du parcours côtier long de 7 milles, c’est Jean-Luc Nélias (Belgacom) qui emmène la flotte. Devant leur étrave, 2 734 milles à parcourir et déjà les premiers bord de près. En fin de nuit, les skippers doubleront la pointe de la Bretagne, par le large (Foncia, Sergio Tacchini, Banque Covefi, Gitana), par le passage du Fromveur (Banque Populaire, Belgacom, Bayer Cropscience, Groupama, Bonduelle, Sodebo) par le chenal du Four et le Raz de Sein ( Sopra Group, Géant). Premier objectif : négocier au mieux le passage d’un front froid lié à une petite dépression.

 Lundi 12 mai : Moral dans les chaussettes pour Thomas Coville (Sodebo), obligé de faire demi-tour dès huit heures du matin suite à la rupture de son vérin d’étai. Moral au beau fixe pour le trio de tête composé de Jean-Luc Nélias (Belgacom), Lalou Roucayrol (Banque Populaire) et Jean Maurel (Bayer CropScience). En plein golfe de Gascogne, tous trois naviguent à vue les uns des autres après une première nuit éprouvante. La pluie, le vent dans le nez et la navigation aux ras des côtes bretonnes ont bien été au rendez-vous, ne laissant aucun répit aux équipages. A 16 heures, le passage du front attendu est particulièrement violent, avec une rotation express du vent de sud-ouest ou nord-ouest. Beaucoup laisseront des lattes dans la bagarre (Bonduelle, Sergio Tacchini, Sopra Group) mais c’est sous gennaker que se poursuit désormais la route, alors que la première journée de mer est maintenant dans le sillage. Revenu au port de la Trinité-sur-Mer vers 18 heures, Sodebo, après réparation et re-filetage de son vérin d’étai, rejoint la course vers 21h30. Il compte plus de 250 milles de retard sur la tête de course.

 Mardi 13 mai : Du vent, du soleil, des longs surfs sur la mer bleue à plus de 26 nœuds, le cocktail proposé en ce deuxième jour de mer est au goût de tous. D’un seul coup, il fait oublier les longues journées de chantier, les charrettes pour être en temps et en heure sur la ligne de départ. Les 70 marins embarqués glissent le long des côtes du Portugal au coude à coude, cap sur le Détroit de Gibraltar. Deux concurrents ne profitent pas à plein de cette ambiance euphorisante : Sodebo, très ralenti dans le nord de la pointe de l’Espagne, et Belgacom. Par deux fois, la drisse, qui sert à établir le gennaker à bord du trimaran de Jean-Luc Nélias a cassé, le privant depuis de cette voile indispensable pour les allures portantes. La sanction est immédiate. Hier leader, il n’occupe plus que la sixième position au classement établi à 16 heures. C’est aujourd’hui Franck Cammas (Groupama) qui ouvre la route avec, sur ses talons, Lalou Roucayrol (Banque Populaire) et Jean Maurel (Bayer CropScience). A 21 heures, la nouvelle tombe : Foncia vient de chavirer à 50 milles au large de Lisbonne. L’équipage est sain et sauf et va ramener par ses propres moyens le bateau à bon port. Le lendemain, Alain Gautier reviendra sur son chavirage : un safran sous le vent qui se relève, une écoute de gennaker non choquée et le bateau qui part au lof et chavire par le coté. Nouveau leader, Groupama est également récompensé par le Trophée Baume & Mercier, avec 423 milles parcourus entre les points de 12 heures à 12 heures, soit une vitesse Vitesse #speedsailing moyenne de 17,6 nœuds.

 Mercredi 14 mai : Il aura fallu trois jours à Franck Cammas (Groupama) pour couvrir la première partie de ce Challenge Mondial Assistance. Soit une moyenne de 15,3 nœuds pour rallier le Détroit de Gibraltar depuis Cherbourg. Si Groupama entame bille en tête la partie méditerranéenne de l’épreuve, la régate promise au départ est bien au rendez-vous, même si elle vient de perdre un nouveau concurrent, avec le démâtage de Belgacom cet après-midi, en plein Détroit de Gibraltar. Comme prévu, face à 45 nœuds de vent et une mer en conséquence, le passage aura été dès plus rudes. C’est sous foc ORC et deux ris dans la grand-voile que le multicoque de Jean-Luc Nélias a cassé son mât, coupé en deux. La meilleure performance quotidienne Trophée Baume & Mercier est pour Bonduelle avec 398,9 milles à la vitesse moyenne de 16,6 nœuds.

 Jeudi 15 mai : En embuscade depuis le départ, Lalou Roucayrol (Banque Populaire) et ses cinq hommes d’équipage se sont emparé des commandes, au détriment de Franck Cammas (Groupama), en cette quatrième journée de mer. Hormis les deux abandons - chavirage mardi soir d’Alain Gautier (Foncia) et démâtage mercredi après-midi de Jean-Luc Nélias (Belgacom) - et l’arrêt au stand aujourd’hui de Lionel Lemonchois (Gitana) pour réparer sa dérive cassée en plein milieu du passage de Gibraltar, la flotte du Challenge Mondial Assistance navigue désormais en mer Méditerranée, au large des côtes algériennes. Le programme est toujours aussi salé pour les marins. Ils affrontent, depuis la sortie du Détroit un flux de secteur Est, 15 à 25 nœuds. Cette navigation au près serré oblige les multicoques à tirer des bords face à une mer courte et abrupte. Hommes et matériel sont soumis à rude épreuve. Bonduelle évolue seul entre deux flottes. Il compte 100 milles de retard sur le leader et compte 200 milles d’avance sur le trio Banque Covefi, Sergio Tacchini, Sodebo. Le Trophée Baume & Mercier est pour le nouveau leader, Banque Populaire, avec 242,5 milles à la vitesse moyenne de 10 nœuds.

 Vendredi 16 mai : Avec l’officialisation en milieu de journée du retrait définitif de Gitana, ils sont encore neuf sur douze au départ, à cingler vers le port de Rimini. Laurent Bourgnon (Sopra Group) ne cache pas ses velléités de prudence pour mener à bon port le bateau de Philippe Monnet. Il ferme la marche, à plus de 340 milles de Franck Cammas (Groupama), qui a repris, pour trois milles, la tête de course à Lalou Roucayrol (Banque Populaire). Ce dernier est allé se réfugier, dans l’anse d’une petite baie de la côte Algérienne, pour réparer son Solent déchiré sur la chute. Un stop de plus d’une demi-heure qui, au final, lui coûtera cher. Cette nuit, la tête de course s’apprête à négocier une zone de transition où règne la plus grande incertitude quant à la force et à la direction du vent. À l’arrière, le vent est depuis longtemps bien plus faible et devrait faiblir encore. La prime semble bien être donnée à ceux qui luttent actuellement pour la première place, soit les quatre premiers du classement : Groupama, Banque Populaire, Géant et Bayer CropScience. Ce dernier a annoncé avoir des ennuis de voile. Il est privé de Solent mais a réussi à réparer sa trinquette. La meilleure performance quotidienne Trophée Baume & Mercier est une nouvelle fois Banque Populaire avec 283,8 milles à la vitesse moyenne de 11,8 nœuds.

 Samedi 17 mai : Six jours que cela durait, six jours où il fallait systématiquement enfiler son ciré avant de monter sur le pont. Aujourd’hui, pour la toute première fois depuis le départ, il n’est plus besoin d’accomplir ce geste pour aller prendre son quart ou pour monter à toute vitesse aider à la manœuvre. Le vent a en effet faibli. Il a également changé de direction, autorisant à nouveau une route directe sous gennaker, dans une mer enfin assagie. C’est dans cette ambiance que se déroule cette nouvelle journée de mer, avec une tête de course qui se faufile sous la Sardaigne et qui s’apprête à passer la pointe de la Tunisie avant la tombée de la nuit. Ce rythme plutôt calme n’atténue en rien la partie de bras de fer que se livre les concurrents entre eux. Franck Cammas (Groupama) consolide son avance sur Lalou Roucayrol (Banque Populaire), Jean Maurel (Bayer CropScience) a réussi à repasser Michel Desjoyeaux (Géant). Tous ces bateaux sont toujours au coude à coude, tout comme Karine Fauconnier (Sergio Tacchini), Thomas Coville (Sodebo) et Stève Ravussin (Banque Covefi).La meilleure performance quotidienne Trophée Baume & Mercier est pour Bonduelle avec 283,4 milles à la vitesse moyenne de 12 nœuds.

 Dimanche 18 mai : Actuellement positionnés au large de la Sicile, les concurrents naviguent le plus souvent à vue les uns des autres. C’est dire si l’issue de cette bataille navale des temps modernes est incertaine. Hormis Laurent Bourgnon (Sopra Group), trop distancé, les huit autres skippers peuvent encore prétendre à la victoire finale. A 600 milles de Rimini, Franck Cammas (Groupama) est certes toujours en tête, mais son avance est infime. Il ne compte que 26 milles sur l’actuel troisième, Lalou Roucayrol (Banque Populaire) qui, hier matin, occupait encore la pôle position. Deuxième, Bayer Cropscience annonçait avoir réparé son Solent, suite à une très longue et très fastidieuse séance de couture. Plus loin derrière, cela pousse très fort. Grâce à des conditions météos plus favorables, Thomas Coville (Sodebo) est crédité de la meilleure progression en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , enlevant avec 356 milles le Trophée Baume et Mercier. Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) a fait seulement 4 milles de moins que son adversaire direct. Ils sont revenus sur Bonduelle. Si bien que les huit bateaux se tiennent en moins de 100 milles lors du dernier classement du soir.

 Lundi 19 mai : Sous la botte italienne, le quatuor de tête se livre à un reaching endiablé, face à un court clapot, type celui levé par le Mistral. A 11 heures, Jean Maurel (Bayer Cropscience) annonce son démâtage. Il fait route, sans assistance extérieure, vers le port le plus proche. Depuis Cherbourg, Bayer Cropscience n’avait pas quitté les premiers rôles et occupait lors de l’avarie la deuxième place, bien calé dans la roue de Groupama, toujours leader. La régate finale se déroulera sans lui. La remontée le long des côtes italiennes baignées par la mer Adriatique s’annonce encore des plus épiques, le vent devant être, nouvelle fois, variable en force comme en direction….. La meilleure performance quotidienne Trophée Baume & Mercier est pour Bonduelle avec 311,1 milles à la vitesse moyenne de 11 nœuds. Au large de la pointe Sud de la Sicile, le Capo Passero, l’équipage a réussi un joli coup en décrochant ses deux poursuivants revenus au contact, Sergio Tacchini et Sodebo, grâce à un bord de deux heures à 90° de la route. Bonduelle est venu remplacer Bayer Cropscience dans le quatuor de tête.

 Mardi 20 mai : Neuf jours de régate dans le sillage pour les 47 marins encore en course. Franck Cammas (Groupama) et Lalou Roucayrol (Banque Populaire) sont à l’évidence les mieux placés pour succéder à Alain Gautier (Foncia), le tenant du titre. La tête de la flotte est au large des côtes italiennes dans la mer Adriatique, évoluant dans des vents très fluctuants à moins de 200 milles de Rimini au classement de 16 heures. Jean Le Cam (Bonduelle) est au coude à coude avec Michel Desjoyeaux (Géant) et pour la première fois, Thomas Coville (Sodebo) est arrivé à décrocher Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) dans la deuxième partie de cette dernière journée de mer. La meilleure et dernière performance quotidienne Trophée Baume & Mercier est pourtant pour Sergio Tacchini et Sodebo avec 225,4 milles à la vitesse moyenne de 9,4 nœuds.

 Mercredi 21 mai : C’est à 6 heures 04 minutes et 22 secondes, sous une pluie battante et les orages que Groupama skippé par Franck Cammas a coupé la ligne d’arrivée de cette deuxième édition du Challenge Mondial Assistance Cherbourg Octeville (France) - Rimini (Italie). Le trimaran vert et blanc aura donc mis 9 jours, 15 heures, 4 minutes et 22 secondes pour parcourir les 2 700 milles de course à la vitesse moyenne théorique sur le parcours de 11,68 nœuds. Pointé à 20 milles ce matin de Groupama au classement de 4 heures, Banque Populaire coupera 3 heures 9 minutes et 28 secondes plus tard la ligne d’arrivée. Il aura bouclé les 2 700 milles de course à la vitesse moyenne de 11,57 nœuds en 9 jours, 13 minutes et 50 secondes. Magnifique troisième place de Jean Le Cam sur Bonduelle qui vient de franchir la ligne d’arrivée à 10 heures 29 minutes et 53 secondes ce mercredi 21 mai. Lui et Géant se seront livrés une lutte sans merci depuis trois jours en se passant l’un devant l’autre au fil des classements. Deux arrivées « chaudes » comme l’on dit car le vent sur zone, soit à la Marina de Rimini, est de 35 nœuds avec des claques à 40. La mer au fil des heures s’est aussi creusée rendant les entrées au port délicates. Bonduelle termine ce parcours de 2 700 milles 4 heures et 25 minutes derrière le leader et Géant franchit la ligne 21 minutes et 7 secondes derrière le trimaran jaune de Jean Le Cam. Deux arrivées incroyables après 5 000 kilomètres de course. C’est à 14 heures 13 minutes et 43 secondes que Sodebo a franchi la ligne d’arrivée soit 8 heures, 09 minutes et 21 secondes après Groupama, grand vainqueur de ce Challenge Mondial Assistance. Thomas Coville et ses Sodeboys auront parcouru la distance des 2 700 milles en route directe à 11,29 nœuds de moyenne. Les trimarans skippés respectivement par Karine Fauconnier et Stève Ravussin sont arrivés dans la nuit de mercredi à jeudi à moins d’une heure d’intervalle. Sergio Tacchini termine 6^e du Challenge Mondial Assistance à 17 heures 27 minutes et 21 secondes du premier soit Groupama et Banque Covefi, 7^e, à 18 heures 47 minutes et 17 secondes. C’est à 8h45 ce jeudi 22 mai que Sopra Group a annoncé son abandon du Challenge Mondial Assistance au Comité de Course. Il se dirigait vers Reggio di Calabria, situé à l’entrée du Détroit de Messine côté continent italien. Ils seront donc sept sur douze à avoir rallié, en course, Cherbourg-Octeville à Rimini en se félicitant du parcours de cette course exceptionnelle.

Information Nicolas Raynaud / Challenge Mondial Assistance