Sea, Sail & Surf news

Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Trophée Jules Verne

Nouveau record au Cap Horn pour Geronimo

ODK : "nous avons perdu un jour et demi de l’avance que nous avions sur le record de Bruno Peyron"

vendredi 21 février 2003Redaction SSS [Source RP]

À 19 heures 16 minutes et 13 secondes jeudi soir, Geronimo a établi un nouveau temps record Record #sailingrecord entre Ouessant et le Cap Horn. Les hommes de Cap Gemini et Schneider Electric améliorent ainsi le temps de Bruno Peyron et son équipage d’une journée et demie, malgré une navigation dans le Sud rendue très difficile par la présence d’iceberg. Le trimaran français a également été victime de dépressions circulant très nord, l’empêchant de faire route au sud et rallongeant sa distance à parcourir. Geronimo aura finalement avalé 350 milles de plus qu’Orange pour atteindre le célèbre rocher Chilien.

Le trimaran aux couleurs de Cap Gemini et Schneider Electric réalise donc un nouveau temps record Record #sailingrecord après ceux réalisés à l’Equateur, au cap de Bonne-Espérance et au cap Leeuwin, sans oublier les intermédiaires : antiméridien (demi tour du monde) et Equateur-Bonne Espérance.

Nouveau palmarès des temps de passage au cap Horn :
- 1. Geronimo - 40 jours 16 heures 16 minutes 09 secondes
- 2. Orange - 42 jours 02 heures 52 minutes
- 3. Sport Elec - 46 jours 16 heures 57 minutes
- 4. Enza - 48 jours 02 heures 32 minutes
- 5. Commodore Explorer - 53 jours 06 heures 42 minutes

Situé à l’extrême pointe de l’Amérique du Sud, vigie des mers australes, le Horn dresse son noir éperon rocheux au carrefour des deux grands océans Pacifique et Atlantique. Là, deux cents jours par an, le vent souffle en tempête, la mer y est creuse, l’embrun glacé, et les voiliers qui transitent livrent contre les éléments déchaînés de terribles batailles. L’aventure Aventure commence en 1616 quand les Hollandais Willem Schouten et Jacob Lemaire cherchent et trouvent, cap à l’Ouest, un passage vers les Moluques, les fabuleuses " îles aux épices ". Puis viendront les aventuriers du Pacifique et les grands découvreurs : Cook, Bougainville, La Pérouse… À leur tour, les clippers de la ruée vers l’or de Californie et d’Australie doubleront le cap Horn et, enfin, véritables seigneurs de la mer, les grands voiliers carrés en acier de la laine et du nitrate.

« Le parcours du Trophée Jules Verne est magnifique. Le cap Horn n’est donc pas une délivrance. Passer ce rocher est aussi un bon moment. Nous avons pu ménager le bateau et l’équipage. Nous venons de sortir d’un passage difficile du Sud sur lequel, tant dans l’Océan Indien que dans l’Océan Pacifique, nous avons eu des mers infectes, toujours croisées, avec de la très mauvaise glisse. Nous avons été obligés de naviguer très Nord à cause des dépressions violentes, très Nord elles aussi. Impossible donc de descendre vers un beau Sud. De plus, il y a eu des glaces à hautes latitudes. Cela n’a été un Sud ni amusant, ni émouvant et sans beauté à cause de la brume et du crachin. Il n’y a pas eu cette magie qui est souvent une grande compensation de ce monde de froid, d’isolement et de grandeur en même temps.

Je me souviens être passé là il y a quelques années, presque à l’arrivée de l’hiver. On avait une impression d’éloignement, de magie très forte. Là, les moments n’ont été magnifiques que sur le plan maritime. Il fallait faire marcher Geronimo dans des conditions alors qu’il n’y avait pas de bonne glisse, pas de moment intéressant. Certes, intellectuellement ça a été tout à fait passionnant. Cependant, émotionnellement nous avons été privé de ce Sud qui fait battre le cœur.

Aujourd’hui, l’ensemble de l’équipage de Geronimo est content de passer le Horn. On sait que l’on va retrouver des couleurs, des ciels, du bleu, des étoiles. C’est un parcours que j’ai fait six fois dans ma vie. Si ça avait été 6 fois comme cela, ça ne l’aurait pas fait. Nous sommes toujours obligés de ralentir pour ne pas fracasser le bateau. Nous avons eu très peu de belle glisse, ce qui est un peu frustrant.

Imaginez quelqu’un qui monte à 8000 mètres, qu’il y a du brouillard. Il ne voit donc même pas la montagne sur laquelle il est. C’est un peu ce qu’il s’est passé pour nous. Malgré le fait que nous ayons été très vite, nous avons perdu un jour et demi de l’avance que nous avions sur le record Record #sailingrecord de Bruno Peyron. D’un autre côté le bateau est en état. J’ai toujours dit qu’il fallait arriver au cap Horn avec un bateau et un équipage capables de courir, d’assumer l’extraordinaire variété de conditions météorologiques que nous allons avoir à partir de maintenant et jusqu’à l’arrivée à Brest Brest #brest . Mis à part un petit pet sur un flotteur à l’arrière qu’une vague a fait, rien de grave à signaler. Le matériel entièrement en état. Il n’y a pas non plus de blessés malgré quelques beaux chocs et autres plantages.

J’ai un bon équipage, vraiment formidable. Ce sont tous des marins. Certains viennent de la marine Marine Marine nationale marchande, d’autres de la pêche. Ce sont des hommes de mer. Ils n’ont pas mis longtemps à devenir de vrais bons régatiers. La manœuvre va vite. Aucune faute de manœuvre sur le tour. Pas une seule écoute mal passée en dépit de la fatigue. Pas un gennaker qui ne monte pas à toute vitesse Vitesse #speedsailing . Sur Geronimo, l’ensemble de l’équipage fait preuve d’une capacité de résistance et de contrôle tout à fait formidable, c’est un vrai bonheur.

Nous sortons d’un monde sans innocence. Ces océans du Sud, même à cette époque de l’année, ont des réserves de vent de violences colossales. Le passage du Horn signifie que cette partie dure et violente est finie. Bien sûr, maintenant on peut encore prendre des coups, mais ce ne sera pas systématique. Comme le disait Didier Ragot, une fois que l’on a passé le Horn, on sait qu’on ne va pas mourir, que quoi qu’il arrive on s’en tirera », termine Olivier de Kersauson.

Information http://www.grandsrecords.com

Temps de passages records
- Orange Geronimo Différence
- Ouessant- Equateur 7J 22H 6 J 11 H 26mn 21sec 1J10H34mn
- Ouessant- Bonne espérance 18J 18H 40" 16J 14H 35mn 26sec 2J 4H 5 mn
- Ouessant- Cap Leeuwin 29J 07H 22" 26J 04H 53mn 3J 02H 29mn
- Ouessant- antiméridien 34J 09H 20" 32J 03H 13 mn 47 sec 2J 06H 07 mn
- Ouessant - Cap Horn 42J 02H 52" 40J 16H 16 mn 04 sec 1j 10h 36 mn  



A la une