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Trophée Jules Verne

Geronimo zigzague et perd du temps... Kingfisher file au dessus de 30 noeuds

samedi 15 février 2003Redaction SSS [Source RP]


Geronimo fait toujours une route au Nord, venant de recouper la trajectoire du record Record #sailingrecord d’Orange. Contraint de remonter jusqu’à 52° de latitude Sud ces dernières heures, Olivier de Kersauson et ses 10 hommes d’équipage n’effectuent pas une trajectoire des plus favorables.

« D’un point de vue géographique, notre route n’est effectivement pas très bonne. Nous perdons beaucoup de temps en ce moment. Comme on est à la convergence antarctique, j’ai décidé de tirer un bord Nord, pas vraiment opportun. L’idéal aurait été de faire de l’Est. En fait, on est monté en faisant du 50° (Nord-Est) pour s’éloigner de ce piège. Nerveusement c’est difficile : Tension et fatigue à la clef. Vivement un Pacifique un peu plus harmonieux. Sinon, qu’on sorte vite de là. Plus on descend tôt, et plus la route est courte. Ce n’est pas le cas pour l’instant, mais d’ici à quelques heures, je pense que ce sera possible. Tout va dépendre de la dépression qui est en dessous de nous. On a l’impression que le système pourri qu’il y avait dans l’Indien se propage jusqu’ici et ce n’est pas bien pratique. Malgré tout, ici on arrive quand même déjà à atteindre des latitudes plus Sud. Dans l’Indien, on était souvent au-dessus de 50 pour réussir à passer, alors que là on réussi quand même à naviguer aux alentours de 52° ou 54° de latitude Sud. J’espère vraiment pouvoir descendre rapidement. On verra. A chaque jour suffit sa peine. Même si à priori, les hospices ne sont pas bons, on réussira bien à passer ».

Geronimo évolue à bonne vitesse Vitesse #speedsailing , plus de 22 noeuds sur le fonds, mais en zigzaguant dans un couloir étroit, interdit au Sud par la présence de growlers. Avec ces empannages fréquents, dus aux vents de secteur ouest, la distance de point à point était sérieusement réduite jusqu’à ce matin. Le trimaran a empanné pour repartir sur la route directe vers midi aujourd’hui. Mise à part une zone suspecte vers 110W, car un peu trop froide suivant les mesures satellites, la route du Horn semble enfin s’entrouvrir.

Information http://www.grandsrecords.com

Position de Geronimo : Jour 35
- Position du bateau à 15H00 TU ce jour : 51°15S.- 135°41 W
- Distance parcourue en 12 heures : 229,69 milles
- Vitesse Vitesse #speedsailing moyenne sur les 12 dernières heures : 19,14 nœuds, point à point.


KINGFISHER2 maintient toujours une vitesse moyenne élevée et avale les milles vers l’est pendant qu’une partie de l’équipage tente de réparer les instruments de vent tombés en panne. En restant positionné autour de 42-43 degrés sud, KINGFISHER2 devrait conserver 33 à 35 noeuds de vent pendant les prochaines 48 heures, avant d’être rejoint par la dépression suivante dimanche soir ou lundi.

- ANDREW PREECE (hier soir) : "Cette dernière demi-heure, le speedo est rarement descendu en dessous de 30 noeuds, le bateau est recouvert d’un fin nuage d’embruns du au martelage continu des proues dans les vagues. Pour lutter contre les chocs, les équipiers du quart de Guillermo portent le casque et les lunettes de protection. Quand la coque au vent se lève au dessus de l’eau, le bruit des vagues qui viennent frapper encore et encore la poutre arrière ressemble un peu à celui d’une voiture lancée à pleine vitesse contre un mur..."

Chronique Hebdomadaire d’Ellen MacArthur...

Nous y sommes arrivés. Et l’éternel gardien de l’entrée des mers du sud nous a souhaité la bienvenue... A peine avions nous franchi le 30e parallèle que nous avons vu le premier albatros.. Et je m’en veux car une fois encore j’arrive ici sans avoir rien étudié sur les différentes espèces... Il existe des livres où on peut trouver tout ça, mais nous n’emportons pas de livres avec nous, car ils sont trop lourds. Nos lectures sont limitées à la feuille de mode d’emploi pour cuisiner les plats lyophilisés, aux notices pour les équipement de survie et les manoeuvres d’urgence et enfin, aux instructions nautiques de l’Antarctique... Un livre que j’ai hâte de lire. L’Antarctique est un endroit fascinant, plein de vie, beaucoup plus que l’Atlantique Sud. Bien que je déteste dire que nous n’avons pas eu de chance d’Atlantique, il faut reconnaître que la météo a vraiment été mauvaise, et ce qui est plus difficile à accépter c’est que l’Atlantique est un océan qu’il faut traverser deux fois dans cette tentative de record Record #sailingrecord . Au moment où j’écris ces mots, nous avons franchi le 40e parallèle, et nous avons traversé le front le notre première dépression des mers des suds. Le ciel est gris, il y a des pétrels qui volètent au dessus de l’eau, et la température descend d’un degré à chaque changement de quart.

Hier soir à 3h00 ce fût l’extase totale lorsque Damian nous a préparé le porridge. Il a découvert que nous avions une bouteille de sirop d’érable que Bruno avait ramené du Canada. Des objets lourds comme celui-ci sont très très rares sur ce genre de voyages, donc c’est vraiment un luxe, et nous sommes tous très reconnaissants envers Guillermo qui l’a finement laissé passer à bord. Après avoir permuté plusieurs fois dans l’ordre de la nourriture, nous nous sommes apperçus que nous avions déjà tout goûté au moins 3 fois, et notre menu ne devrait plus changer dans les semaines à venir. Tous nos repas sont lyophilisés. La nourriture pour 2 jours pour 14 personnes est emballée dans un sac qui représente environ la taille d’un sac de sport. Et on ne penserait jamais que ce volume puisse nourrir nos corps affamés.

J’étais un peu nerveuse hier lorsque nous avons entamé notre entrée dans le sud. Le ciel s’est éclairci pendant un instant après avoir vu notre première bande de nuages et la température était toujours assez douce dehors. Je pouvais ressentir une sorte d’impatience dans l’attitude des gars à bord.. Je crois que nous avons tous envie d’aller en découdre maintenant.. On n’en peut plus de naviguer au ralenti. Et c’est vraiment frustrant de réaliser combien notre progression a été lente. Malheureusement pour nous, cette partie de l’Atlantique est justement celle que Kersauson a parcouru en un temps record, alors nous avons été plus lents que l’actuel détenteur du Trophée. Mais personne n’a bronché, personne n’a jamais rien dit de négatif. Tout le monde s’est battu jusqu’à ce que nous passions de l’autre côté et que nous entamions une nouvelle phase du parcours à pleine vitesse. Ce qui est bien, c’est que la plupart d’entre nous a eu la chance de rattraper son manque de sommeil et se trouve maintenant en pleine forme pour attaquer le sud... Personnellement j’éprouve un sentiment de soulagement à me retrouver enfin ici. C’est assez curieux, mais c’est vraiment l’un des océans où je me sente le plus chez moi. Mais ici je dois également restée en permanence sur mes gardes, à étudier chaque image satellite, suivre chaque changement de température... C’est un endroit authentique et vivant. Désormais les vagues sont plus grosses, le ciel plus gris et au moins je ne suis pas assise à la table à carte sur une piscine de transpiration, et puis surtout, maintenant, on peut y aller à fond !

... Hier soir, la pleine lune brillait très fort au dessus de KINGFISHER2, un peu comme si le pont était innondé par la lumière du ciel. Je n’avais quasiment pas besoin de lampe pour écrire la tactique. On naviguait alors entre 25 et 30 noeuds avec Solent et grand voile haute et le bateau semblait planer en effleurant à peine les vagues qui étaient aussi plates que dans une zone dominée par les anticyclones. Cela m’a rappelé le Vendée. Je naviguais sous une pleine lune, la mer brillait et mon coeur était rempli de vie et d’énergie... Bien qu’on ne se soit pas dit grand chose sur le pont hier soir, j’avais l’impression de n’être pas la seule à ressentir cela. L’absence de conversation était comme une preuve de respect pour cette incroyable beauté que le monde nous offre. Une fois encore j’étais stupéfaite, vraiment stupéfaite, et j’espère que c’est un sentiment que je garderai jusqu’à la fin de ma vie...

Information Kingfisher Challenges

LES CHIFFRES : à 15h00 GMT le 15.02.03
- Position : 42 00’S 11 14’W
- VITESSE moy / maxi BATEAU (sur la dernière heure) : 19.75 / 29.7 nds
- VITESSE moy / maxi VENT (sur la dernière heure) : 19.75 / 32.0 nds / Direction : 287
- Distance du WP5 42 00’S / 18 28’W au sud de Cape Town : 1318 milles (distance théorique la plus courte)



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