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Vendée Globe • J 92

Marc Guillemot : "Sans la quille, c’est moins tressant"

Safran poursuit sa route vers Les Sables avec les ballasts remplis

lundi 9 février 2009Information Vendée Globe

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Marc Guillemot n’a pas réussi à circonscrire complètement son problème de quille qui s’est déplacée dans son puits, au point que la mer a finalement eu raison du système de brélage réalisé par le solitaire pour sécuriser le bateau. Le lest a coulé et Safran navigue donc à vitesse Vitesse #speedsailing réduite, ballasts pleins. Et une tempête est annoncée pour la nuit prochaine et mardi matin sur la Vendée…

C’est la crise d’appendicite qui se poursuit… Après Dominique Wavre (Temenos II) avant les Kerguelen, Jean Le Cam (VM Matériaux) avant le cap Horn et Roland Jourdain (Veolia Environnement Environnement ) en approchant des Açores, c’est au tour de Marc Guillemot de voir que son appendice n’est plus opérationnel. Et pour cause : tout le bas de la quille repose désormais par plus de trois milles mètres de fond, à 250 milles au Nord de Sao Miguel, à 800 milles de la pointe espagnole et à environ 1 000 milles des Sables d’Olonne !

Le skipper de Safran semblait en fait plutôt soulagé de ne plus avoir sa quille à moitié sortie de son logement : bien que Marc Guillemot ait pu la bloquer dans l’axe en la retenant par des cordages traversant le rouf pour se fixer sur le mât, les trois tonnes de plomb plongé à 4,50 mètres de profondeur avaient toujours de quoi déplacer le voile de quille. Le bras de levier est tel que l’appendice aurait pu détruire le puits, voire les fonds du bateau, provoquant une voie d’eau impossible à colmater !

Comme Roland Jourdain avant les Açores, Marc Guillemot a donc réduit la toile et remplit tous ses ballasts au vent pour alourdir le bateau et lui donner plus de stabilité. En fait, la dépression qui va balayer la Vendée la nuit prochaine et mardi matin, est loin devant Safran qui n’avait plus qu’une quinzaine de nœuds de vent de Nord-Ouest sur une mer qui s’assagissait. Pour l’instant, le navigateur essaye toujours de faire route vers Les Sables d’Olonne pour finir le parcours et être classé : les simulations laissent entendre que le solitaire pourrait atteindre le but en fin de week-end ou en début de semaine, selon les pièges météorologiques de l’Atlantique…

Et pendant ce temps, Samantha Davies (Roxy) s’est aussi fait sérieusement brasser au large des Açores lors du passage d’un front très actif avec une mer déferlante et de grosses rafales à plus de cinquante nœuds. La Britannique était ce lundi après-midi à moins de 1 000 milles de l’arrivée et devait repasser devant Marc Guillemot avant la nuit. Reste à savoir si la navigatrice pourra finir avec plus de 50 heures de marge pour l’acquisition de la troisième marche du podium… puisque les deux solitaires ont été redressés, Marc avec 82 heures de bonus, Samantha avec 32 heures.

Mais l’Atlantique réserve encore des rebondissements car après cette tempête dans le golfe de Gascogne, l’anticyclone des Açores s’installe pile sur la position des deux skippers… De quoi faire une pause sur Safran après ces journées harassantes pour Marc Guillemot et de quoi tenter une échappée pour Sam Davies !

- Marc Guillemot (Safran) lors d’une vacation spéciale à 16h30 : «  Ce qui s’est passé est la conséquence, je pense, d’une vieille histoire Histoire #histoire . Sous les Kerguelen, j’avais cartonné un gros mammifère marin. J’étais passé d’un coup de 20 à 0 nœud. Et depuis quelque temps, j’avais l’impression que la quille donnait des coups de raquette. Ça s’est amplifié après les Açores. Et hier, la quille a commencé à se balader d’avant en arrière.

Sous les conseils de Guillaume Verdier (architecte du bateau avec VPLP), j’ai sécurisé tout ça pendant une bonne partie de la nuit avec un système de brélage qui passait par le pont et qui était repris sur le winch au pied de mât. Je suis arrivé à bloquer la quille et j’étais content de mes finitions. Quand j’ai tout terminé il y a quelques heures, je suis allé à l’extérieur pour retendre le brélage et là, j’ai été étonné de voir que ça montait très haut. Quand je suis revenu à l’intérieur, j’ai constaté que tout était parti. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, j’ai dit ’ouf’. Parce qu’avoir un pendule de trois tonnes qui se ballade 4,5 mètres sous l’eau, c’est terrible. On sait qu’on risque de tout casser. Une fois que la quille est tombée, j’étais soulagé. J’avais déjà rempli mes ballasts et préparé ma sécu.

Sans la quille, c’est moins tressant, vous ne pouvez pas vous imaginer ! En ce moment, j’ai tous les ballasts au vent remplis. Je dois avoir 5 à 6 tonnes d’eau qui me permettent de tenir en équilibre. Je suis sous trois ris et foc de route, je marche à 10/11 nœuds. La mer est encore relativement agitée, mais le vent est bien descendu, je dois avoir 12 à 15 nœuds. Pour l’instant, je continue ma course. J’ai vraiment, vraiment envie d’arriver aux Sables d’Olonne. Pour la troisième place, ça risque d’être bâché mais je veux finir, quelle que soit ma position à l’arrivée… Je suis un peu rincé. Tout cela a demandé beaucoup de travail toute la nuit et ce matin… et vous imaginez le ’bronx’ dans le bateau : j’ai déjà passé 2h30 à nettoyer et ce n’est pas fini… »


Le classement de 16 heures le 09/02/09

- 1- Michel Desjoyeaux (Foncia) arrivé aux Sables d’Olonne après 84j 03h 09’
- 2 - Armel Le Cléac’h (Brit Air) arrivé aux Sables d’Olonne après 89 jours 9 heures 39 minutes et 35 secondes de course (après déduction de ses 11 heures de bonification)
- 3- Marc Guillemot (Safran) à 975,7 milles de l’arrivée
- 4- Samantha Davies (Roxy) à 982,2 milles de l’arrivée
- 5- Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 1579,9 milles
- 6- Dee Caffari (Aviva) à 1626 milles
- 7- Arnaud Boissières (Akena Vérandas) à 2239,2 milles
- 8- Steve White (Toe in the water) à 2977 milles
- 9- Rich Wilson (Great American III) à 4527,3 milles
- 10- Raphaël Dinelli (Fondation Océan Vital) à 5622,6 milles
- 11- Norbert Sedlacek (Nauticsport-Kapsch) à 6038,3 milles
- RDG Vincent Riou (PRB), réparation accordée, classé 3e



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