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ATLANTIC CUP

Joyon premier détenteur du Trophée

La New York Harbor Sailing Foundation sacre le recordman de l’Atlantique en solo

jeudi 13 octobre 2005Redaction SSS [Source RP]

Aujourd’hui, lors d’une cérémonie officielle qui s’est tenue à Paris, Francis Joyon s’est vu décerner l’Atlantic Cup, saluant son record Record #sailingrecord en solitaire sur le parcours New York - Cap Lizard. Ce trophée, créé suite à la traversée victorieuse du trimaran IDEC, a été initié par la New York Harbor Sailing Foundation. Son Directeur, Michael Fortenbaugh, a remis en personne l’Atlantic Cup à Francis Joyon.

C’est l’histoire Histoire #histoire peu banale d’un homme et de son bateau qui, arrivant un jour d’avril 2005 en plein cœur de New York la frénétique, ont fait vibrer une poignée d’enthousiastes, passionnés d’aventure Aventure , de grands voyages, mais aussi de compétition. « IDEC était certes le bateau de Francis Joyon, explique Michael Fortenbaugh, mais le trimaran était également devenu une mascotte pour bien des new-yorkais. Pendant près de trois mois, ses lignes racées ont captivé nombre de passants. Les gens adoraient s’arrêter pour contempler cette fabuleuse machine... » On se souviendra en effet que le skipper avait été lui-même surpris de constater à quel point sa présence suscitait la curiosité du public, prompt à venir s’enquérir de ses projets, ou tout simplement se renseigner sur son impressionnant coursier... « Aussi, poursuit Fortenbaugh, lorsque Francis a battu le record Record #sailingrecord de l’Atlantique, nous avons été transportés de joie. Mais quelques heures plus tard, la mauvaise nouvelle de son naufrage nous parvenait. Emus à la fois par le fantastique succès de Francis, son courage, et secoués par la perte de ce fabuleux bateau, un groupe de marins new-yorkais s’est rendu compte qu’il n’existait aucun trophée pour symboliser la traversée de l’Atlantique en solitaire. » Et que croyez-vous qu’ils firent ? « La création de l’Atlantic Cup résulte directement de la visite du trimaran IDEC et de son skipper dans notre ville », poursuit le Président, tenant à souligner la dimension humaine de cette initiative. La cérémonie d’aujourd’hui, récompensant l’exploit de Francis Joyon sur l’Atlantique, constitue donc le véritable acte de naissance de l’Atlantic Cup... Un trophée immanquablement appelé à entrer dans la légende.

Exploit sur l’Atlantique : retour sur l’incroyable performance d’IDEC

IDEC s’élance jeudi 30 juin à 10 heures 42 dans un régime de Sud Ouest très instable, et sa première journée de mer n’invite guère à l’enthousiasme. « Il fallait se dégager du continent américain » raconte alors Francis Joyon, « et entrer ensuite dans le régime dépressionnaire descendu du Nord Canadien ».

Les trois journées suivantes s’écoulent comme dans un rêve ; le grand trimaran rouge calé dans un régime de vent fort glissant au portant, son skipper concentré aux réglages sous pilote automatique. Au 4e jour de mer, le tableau de marche d’IDEC change de dimension ; Francis revient sur le tracé virtuel de Laurent Bourgnon et son fulgurant départ de 1994. Il le déleste dimanche 3 juillet presque sans y penser de son record Record #sailingrecord de distance parcouru en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures (543 milles au lieu de 540...) IDEC ne ralentira plus. « C’est comme si le bateau voulait ce record plus que moi » raconte Joyon. « Nous étions en permanence entre 26 et 28 nœuds ».

La 5e journée est plus stratégique. Le vent adonne et un changement d’amure est nécessaire. Passé bâbord, IDEC aborde la dernière partie de la course dans un vent de Nord Ouest toujours fort, mais face à une mer plus chaotique. Le trimaran enfourne sans ralentir dans une houle de 3 à 4 mètres et Francis doit se résoudre à barrer. Barrer, malgré la fatigue et multiplier les changements de voile pour rester dans le tempo du vent.

« Il y a eu très peu de plaisir dans cette semaine de folie » reconnaît-il. « Le stress est permanent et ce chrono de Laurent (Bourgnon) me paraissait si difficile à battre que je me suis donné complètement, jusqu’au bout... ». Fatigué, heureux, soulagé... et surtout très étonné, le marin de Locmariaquer.... Etonné de sa prestation, étonné d’inscrire en solitaire une performance supérieure à celle réalisée par Jet Services et son équipage. « Je naviguais déjà en multicoque quand Jet établissait ce temps de 6 jours et 13 heures qui devait rester si longtemps (plus de 12 ans), le chrono absolu pour un bateau à voile sur ce parcours. Je connais les hommes qui étaient à bord et je n’aurais jamais cru pouvoir rivaliser avec eux... »

• Record de l’Atlantique en solitaire Record de l'Atlantique en solitaire #SoloAtlanticRecord - rappel des faits

- Départ de New York (phare d’Ambrose) le 30 juin 2005, à 8h42 (GMT)
- Record des 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , avec 543 milles parcourus, battu le 3 juillet 2005
- Passage de la ligne d’arrivée au Cap Lizard (GB) le 6 juillet 2005
- Nouveau record sur l’Atlantique en solo : 6 jours, 4 heures, 1 minute et 37 secondes.
- Amélioration par rapport au précédent temps de référence (L.Bourgnon) : 22 heures 33 minutes.


Voir en ligne : Info Fabrice Thomazeau / Agence Mer & Média


Un siècle d’histoire contre Atlantic

De tous les terrains de jeu prisés par les chasseurs de records, l’Atlantique Nord (entre New York et le cap Lizard en Cornouailles Britanniques) est sans conteste le plus mythique. En équipage comme en solitaire, les meilleurs marins s’y sont illustrés, réalisant d’époustouflantes performances ou échouant pour une poignée de minutes - mais toujours au terme d’épiques traversées... Aujourd’hui, Francis Joyon inscrit son nom tout en haut du tableau d’un record qui cette année fête son centenaire.

La première performance en équipage sur ce parcours est à mettre au crédit de Charlie Barr, capitaine de la goélette Atlantic. Le fier vaisseau s’est affranchi en 1905 de la traversée en 12 jours et 4 heures, un temps de référence qui restera valable pendant 75 ans. Eric Tabarly allègera ce chrono de 2 jours en 1980 à bord de son trimaran foiler Paul Ricard, à la vitesse moyenne de 11.93 nœuds. Les tentatives vont ensuite se succéder à un rythme plus soutenu, et le record va graduellement être amélioré par les spécialistes français du multicoque au cours des années 80 : Marc Pajot, Patrick Morvan, Loïc Caradec, Philippe Poupon et enfin Serge Madec... A bord de Jet Services V ce dernier signera en 1990 une performance (6 jours 13 heures et 3 minutes) appelée à durer 11 ans ! Il faudra attendre « la » bonne tentative du plus grand catamaran du monde, alias PlayStation et ses 38 mètres, pour voir ce temps de référence exploser en 2001 : Steve Fossett et ses hommes ont en effet bouclé le parcours en seulement 4 jours, 17 heures et 28 minutes ! Incroyable chrono qui s’avère aujourd’hui très difficile à accrocher, comme ont pu le constater Bruno Peyron et ses hommes l’été dernier à bord d’Orange II... le catamaran géant du skipper français a en effet échoué pour 31 pauvres petites minutes, non sans avoir au passage amélioré le record des 24 heures (tout comme vient de le faire Francis Joyon en catégorie solo sur ce parcours).

Du côté des solitaires, notons le chrono de ce même Bruno Peyron, à bord du trimaran Ericsson, en 1987 : avec 11 jours, 11 heures et 46 minutes, le baulois inscrit un temps de référence qui ne tardera pas à être amélioré... Car l’année suivante, Philippe Poupon descend à 10 jours et 9 heures ! Il faudra néanmoins attendre 1994 et l’équilibriste Laurent Bourgnon pour que la barre des 10 jours soit franchie - et de quelle façon magistrale ! A bord de Primagaz, Bourgnon fait voler en éclats les standards connus, et s’offre un doublé Atlantique / record des 24 heures qui tiendra 11 ans ! Ellen MacArthur, à bord du trimaran Castorama, s’y essaiera en juin 2004, mais en vain... Aujourd’hui, Francis Joyon vient de mettre tout le monde d’accord en signant un nouveau record absolu en solitaire, sur un rythme effréné, améliorant pour l’anecdote le temps de Jet Services V (réalisé en équipage en 1990, et qui aura tout de même tenu 11 ans) ! Un point de comparaison qui en dit long sur la portée de l’exploit signé par le morbihannais à bord du trimaran IDEC... Une fois de plus, chapeau bas, monsieur Joyon.


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