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Solitaire Afflelou Le Figaro

Le film de la 36e édition

Gildas Morvan, Pietro D’Ali, Laurent Pellecuer et Jérémie Beyou se partagent les étapes

dimanche 28 août 2005Information Solitaire du Figaro

Le rideau est tombé sur la 36e Solitaire Afflelou Le Figaro et son podium de rêve : Jérémie Beyou, Michel Desjoyeaux, Kito de Pavant. L’obstiné Jérémie enfin prophète se propulse dans la lumière des grands. Gildas Morvan, Pietro D’Ali, Laurent Pellecuer, vainqueurs d’étape et tous un temps leaders, ont eux aussi marqué cette édition ventée. Eole n’a pas quitté la flotte pour imprimer un rythme soutenu de la Manche au golfe de Gascogne en passant par la mer Celtique. Retour sur les quatre étapes et les 1462 milles parcourus.

Perros-Guirec - Getxo-Bilbao (390 milles) : Morvan, Beyou, Pellecuer, déjà.. Perros-Guirec fait la belle. Ils sont 46 au départ, et Michel Desjoyeaux, de retour, est déjà très sollicité. Au jeu Jeu #jeu des pronostics, Yann Eliès (Groupe Generali Assurances), Jérémie Beyou (Delta Dore) ou encore Kito de Pavant (Groupe Bel) sont régulièrement cités, mais on estime qu’une douzaine de navigateurs peuvent gagner dont, entre autres, Charles Caudrelier (Bostik), Armel le Cléac’h (Foncia-TBS), Eric Drouglazet (Crédit Maritime) ou encore Erwan Tabarly (Thales). La sublime Côte de granit rose s’illumine dès le prologue remporté par le Cercle Vert de Gildas Morvan devant Laurent Pellecuer (Cliptol Sport) et Armel Tripon (Gedimat). Les choses sérieuses commencent le dimanche 7 août et le ton est donné : Michel Desjoyeaux est bien un Géant. Il prend les devants avec Kito de Pavant, alors que Samantha Davies (Skandia) talonne violemment mais poursuit sa route. La Patrouille de France salue le départ de la flotte vers Getxo-Bilbao. Dans la nuit à Ouessant, Yann Elies vient se rappeler au bon souvenir de Desjoyeaux et de Pavant. Rapidement, la mer se forme et le vent d’est monté à 25 nœuds donne le départ d’un grand sprint avec de grosses vagues en travers. La mer tape dans les étraves, c’est déjà musclé. « C’est le reaching de la mort ! » s’amuse Thierry Chabagny (Lèbres-Bermudes) qui décroche le record Record #sailingrecord Hublot sur 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . C’est trop pour le dos souffrant de Jacques Einhorn (Connivence) qui abandonne. Tout au long de cette première traversée du golfe de Gascogne, les favoris sont aux avants postes et Kito de Pavant mène la danse. Mais à Getxo-Bilbao, le mardi 9 août au matin, c’est Gildas Morvan qui se montre le plus malin en devançant Jérémie Beyou d’une minute et 47 secondes, alors que Laurent Pellecuer ne met que 17 secondes de plus à franchir la ligne pour se hisser à la troisième place. Les écarts sont insignifiants. « Vous savez que le départ de la Solitaire commence à la deuxième étape cette année ? » sourit Michel Desjoyeaux. Pietro D’Ali (Nanni Diesel), lui, est déjà premier bizuth.

Getxo-Bilbao - La Rochelle (368 milles) : Pietro D’Ali, la révélation italienne Aux falaises d’Euskadi, un léger souffle autorise un départ où Erwan Tabarly montre toute sa classe. Il s’attaque le premier à la remontée vers La Rochelle via le phare des Birvideaux, au nord de Belle-île. Il y a une dorsale anticyclonique à négocier et l’idée est de faire deux longs bords de près, avec l’inconnue cruciale du moment du virement de bord. Pietro D’Ali, le skipper italien de Nanni Diesel venu de la voile olympique, de la Coupe de l’America et de la Volvo Ocean Race étonne son monde : bizuth sur l’épreuve, ce gentleman de 42 ans impressionne par sa vitesse Vitesse #speedsailing . « Qui c’est celui là ? Il va comme un avion de chasse ! » s’exclame Michel Desjoyeaux. A 120 milles des Birvideaux, D’Ali pousse sa barre en grand le premier, alors que Frédéric Duthil (Brossard) fait une superbe démonstration de négociation de dorsale. Le bras de fer entre les deux hommes est extraordinaire. Dans les eaux des pertuis charentais, c’est du délire sur les coups de minuit : moins de deux longueurs entre les deux bateaux, du match-racing match-racing #MatchRacing de haute volée à la fois pour le général et la victoire d’étape ! Sous la lune rousse, Fred Duthil envoie un ultime virement de bord dans le tableau arrière de Nanni Diesel mais Pietro D’Ali résiste et coupe la ligne, à bout de forces, avec 50 secondes d’avance... Peut-être la plus belle arrivée de cette Solitaire, entre deux régatiers de haut vol. Pietro D’Ali, un bizuth italien aux commandes, c’est du jamais vu... Armel le Cléac’h s’adjuge la troisième place de l’étape, Yann Elies est un des perdants du jour, le voilà relégué en 18e position au général à 1h10 du leader. Jérémie Beyou, lui, est 4e à 22 minutes. Mais à mi-course, les écarts sont encore limités en tête, avec 17 bateaux en moins d’une heure. Michel Desjoyeaux et Kito de Pavant sont en embuscade...

La Rochelle - Cork-Crosshaven (456 milles) : Laurent Pellecuer la voulait tellement Avec ses 456 milles, cette troisième étape est un Tourmalet de la mer. Michel Desjoyeaux et Erwan Tabarly prennent les meilleurs départs, le 17 août à 17h17 dans les eaux du département 17. Après 24 premières heures plus clémentes que prévu, le vent et la mer forcissent. Toute la flotte au près... plus de 400 milles à tirer des bords dans une mer vite désordonnée. « C’est la guerre ! » assure Benoît Petit (Défi Santé Voile), quand les dix meneurs se retrouvent alignés à Ouessant et qu’on annonce une nouvelle dorsale anticyclonique à négocier en mer Celtique. Les organismes et les bateaux souffrent, les bateaux font des bruits effroyables en retombant dans la vague. Amaïur Alfaro (www.pays-basque-entreprises.com) et Christian Bos (Raynal et Roquelaure) abandonnent sur casse et se déroutent sur Lorient Lorient L’actualité du port de Lorient et de sa région. . Dans La Manche, les décalages est-ouest sont impressionnants. Les leaders se succèdent : après Yannick Bestaven (Aquarelle.com) et Jeanne Grégoire (Banque Populaire), un temps pointés en tête, Jérémie Beyou prend résolument les commandes de cette meute d’enragés qui donnent tout. « Du près, du près et encore du près, mais avec de petits coups à faire ici ou là », raconte Jérémie Beyou, « un peu comme si on demandait à un bûcheron de jouer de la clarinette tout en continuant d’abattre ses troncs d’arbre. C’est une étape de légende ! ». Michel Desjoyeaux confirme : « une bagarre de chiffonniers contre les vents dominants ». Jérémie, puis Yann Elies croient tenir la victoire en approche de Cork, mais c’est Laurent Pellecuer qui surgit de la pluie irlandaise ! Le Montpelliérain a négocié idéalement la dorsale « comme Fred Duthil en remontant de Getxo, j’ai fait l’intérieur du virage » raconte-t-il. Et il prend la tête du classement général après trois jours et quatre nuits de folie furieuse. Yann Elies et Kito de Pavant se classent 2e et 3e de l’étape. Pietro D’Ali est encore premier bizuth de l’étape mais il recule à la troisième place au général. Jérémie Beyou (5e) se désole sur l’air de « je ne gagnerai donc jamais ? » mais il remonte aussi à la deuxième place au général à 10’32’’ de Laurent Pellecuer. Gildas Morvan et Thierry Chabagny (5e auparavant) sont les grands perdants en Irlande, mais on sait déjà que tout se jouera lors de la dernière manche. Les trois premiers tiennent en 12 minutes, les huit premiers en une demi-heure et les onze premiers en une heure !

Cork - Port Bourgenay (428 milles) : Le chef d’œuvre de l’enragé Jérémie Beyou Quarante-huit heures après l’arrivée en Irlande, météo exécrable plus classement serré marquent un départ sous haute tension à Crosshaven, pour l’ultime manche décisive. Armel le Cléac’h se rappelle au bon souvenir de tous en surclassant le parcours de lancement sous les falaises irlandaises dans 20 nœuds de vent. La flotte n’ira pas virer le Fastnet où la météo est exécrable (excellente décision : on y a enregistré des rafales à plus de 100 km/h et des creux de 6 mètres...). Une porte est prévue à Yeu pour pouvoir y faire une arrivée si la mer est trop grosse. Car la météo est celle d’une furie automnale : au passage d’un front froid, on annonce des vents moyens de 30 nœuds, des rafales à 40, voire 45 nœuds (85 km/h) et une mer démontée à Ouessant. C’est vite l’enfer sur l’eau. On dirait le grand sud antarctique sur les images filmées depuis le PSP Cormoran, avec les bateaux qui disparaissent dans les énormes creux des déferlantes. Aucune visibilité, de la pluie, de la mer, des vagues et rafales scélérates... Marc Lepesqueux (Maisons Pierre) est abordé par un cargo qui ne s’arrête pas et ne doit son salut qu’à un réflexe étonnant : il a plongé à l’intérieur de son Figaro qui démâte sous l’effroyable choc, mais Marc est sain et sauf et convoie sa coque à Falmouth.

C’est le moment des seigneurs du gros temps, des fous de la vallée de Fouesnant. Les skippers sont harnachés, les voiles arrisées au maximum. Pietro D’Ali envoie le minuscule tourmentin de tempête et « pense d’abord à la survie, pas à la course ». C’est dantesque et les meilleurs, pourtant, continuent de régater. Jusqu’à Sein, Laurent Pellecuer ne lâche rien, livrant une résistance magnifique. Mais Jérémie Beyou a la rage au corps. Fini les calculs. Il donne tout. Plus personne ne se voit, Erwan Tabarly n’a plus d’électronique et doit naviguer à l’ancienne, laissant filer tout espoir de victoire comme Yannick Bestaven et Yann Elies qui n’ont plus de pilote, eux non plus. La bagarre est extraordinaire en tête entre Jérémie Beyou et Michel Desjoyeaux. A Penmarc’h, Jérémie se décale légèrement pour pouvoir envoyer le spi et c’est de la baie d’Audierne aux Glénan qu’il construit enfin cette victoire qui se dérobait à lui depuis 9 participations, 35 étapes... Alors que le dernier est à 100 milles nautiques, après un ultime jeu Jeu #jeu d’empannage à Yeu Delta Dore entre en vainqueur dans la baie des Sables d’Olonne, coupe la ligne. Jérémie Beyou était déjà un grand marin. Il est désormais immense. Il peut pleurer dans son spi alors que Michel Desjoyeaux est en approche suivi du talentueux Oliver Krauss (Espoir Crédit Agricole) qui s’offre une superbe 3e place à l’étape. Desjoyeaux prend la deuxième place au général, Kito de Pavant, très régulier, la troisième. Laurent Pellecuer et Pietro D’Ali sont admirables de sportivité malgré leurs relatives déceptions. Jérémie Beyou décroche une place dans la légende en même temps que son Graal. A terre, la grande fête peut commencer. La course au large s’est trouvé un nouveau héros solitaire.

Bruno Ménard

- Michel Desjoyeaux (Géant) : « Je confirme ce que je disais avant de partir : c’est la plus dure que j’ai vécu. Il a fallu attendre cette dernière étape pour que des écarts se fassent et que la hiérarchie se dessine vraiment. Je sais où j’ai perdu la course. C’est globalement sur un manque de maîtrise de ce monotype Monotype #sportboats . Cela s’est vu par exemple dans les deux premières étapes au largue serré (allure portante, ndr) sous spi. Dans ces conditions et vu mon peu d’entraînement je suis plutôt content, on peut dire que ce n’est pas mal (sourire). » Michel Desjoyeaux annonce par ailleurs qu’il reviendra dans deux ans sur La Solitaire. On comprend donc que, 3e en 2003 pour son retour, 2e cette fois, le roi du solitaire reviendra avec une ambition claire : poursuivre le décompte et décrocher son 3e titre ! »

- Kito de Pavant (Groupe Bel) : « Cette édition a été étrange avec des écarts faibles jusqu’au bout et personne vraiment au-dessus du lot. On est resté tous au coude à coude, avec une vingtaine de bateaux potentiellement dangereux et tout s’est joué sur la dernière étape. Une fois de plus, c’était difficile mais c’était bien, alors on reviendra ! »

- Yann Eliès (Groupe Generali Assurances) : " Ce qui fait la grandeur de la Solitaire Afflelou Le Figaro - et de celle là en particulier - ce sont toutes ces émotions que l’on vit durant un mois... les victoires, les défaites, la fatigue. Il faut être capable de se surpasser, être capable d’oublier rapidement les déceptions pour repartir d’autant plus motivé. Ce sont tous ces moments un peu fous qui me font revenir chaque année sur cette course. "

- Charles Caudrelier (Bostik) : « Mon bilan ? Ce n’est pas facile de revenir défendre son titre. Avant, cela te fait rêver puis, cela retombe un peu. Mais là, ne pas avoir atteint mes objectifs, me fait de nouveau rêver. C’est sûr, je vais revenir ! »

- Nicolas Troussel (All Mer) 23e au classement général termine loin de la place qu’il pouvait espérer occuper : « Tout d’abord, je suis ravi d’avoir pu courir. Maintenant, cette édition n’a pas permis de tenter beaucoup d’options. Au final, on a eu des conditions très stables qui ont favorisé avant tout la route directe : pour moi, qui suis plutôt d’un tempérament joueur, c’était un peu frustrant. Mais c’est aussi comme çà qu’on apprend. »


Voir en ligne : Toutes les informations sur les Figaro-Bénéteau : seasailsurf.fr/figaro/


Classement Général Le Figaro

Rg Skipper N° Bateau Temps
- 1 BEYOU Jérémie 2 Delta Dore en 248h 49min 20s
- 2 DESJOYEAUX Michel 45 Géant à 1h20’54’’
- 3 de PAVANT Kito 7 Groupe Bel à 1h58’41’’
- 4 MORVAN Gildas 5 Cercle Vert à 2h17’9’’
- 5 ELIES Yann 1 Groupe Generali Assurances à 2h24’22’’
- 6 PELLECUER Laurent 31 Cliptol Sport à 2h29’45’’
- 7 DUTHIL Frédéric 32 Brossard à 2h35’53’’
- 8 * D’ALI Pietro 65 Nanni Diesel à 3h5’12’’
- 9 TABARLY Erwan 4 Thales à 3h13’3’’
- 10 CAUDRELIER Charles 3 Bostik à 3h18’57’’
- 11 VENIARD Gérald 94 Scutum à 3h31’12’’
- 12 GREGOIRE Jeanne 40 Banque Populaire à 3h52’40’’
- 13 BERENGER Nicolas 68 KONE Ascenseurs à 4h21’36’’
- 14 ATTANASIO Romain 97 MrBookmaker.com à 4h31’6’’
- 15 DROUGLAZET Eric 6 Crédit Maritime à 5h8’18’’
- 16 CHABAGNY Thierry 92 Lèbre Bermudes à 5h36’50’’
- 17 VITTET Dominic 22 ATAO Audio System à 5h48’16’’
- 18 KRAUSS Oliver 25 Espoir Crédit Agricole à 6h7’44’’
- 19 PETIT Benoit 9 Défi Santé Voile à 6h12’28’’
- 20 LE CLEAC’H Armel 62 Foncia-TBS à 6h14’31’’
- 21 EMIG Marc 30 Total à 6h22’47’’
- 22 DAVIES Samantha 10 Skandia à 6h24’13’’
- 23 TROUSSEL Nicolas 60 All Mer à 7h31’11’’
- 24 * SVILARICH Etienne 48 Sogeti à 8h8’1’’
- 25 WARDLEY Liz 39 Sojasun à 8h12’46’’
- 26 LEPESQUEUX Marc 70 Maisons Pierre à 8h57’29’’
- 27 TRIPON Armel 57 Gedimat à 9h6’9’’
- 28 * BESTAVEN Yannick 34 Aquarelle.com à 9h10’42’’
- 29 ROGNON Cyrille 16 ENO & Navi Line à 9h54’59’’
- 30 MOUREN Jean-Paul 13 M@rseillentreprises à 10h46’33’’
- 31 PEAN Lionel 79 L’Esprit d’Equipe à 11h3’51’’
- 32 LE GAL Franck 37 Lenze à 11h19’6’’
- 33 AUDIGANE Sébastien 43 D’Aucy Cultive la vie à 12h22’51’’
- 34 BIGOT Gaël 55 Team 117 à 14h54’49’’
- 35 BOUVET Christophe 17 Bo Travail ! à 15h26’9’’
- 36 * DEFERT Eric 64 Amiral de Bretagne - Suzuki à 16h4’1’’
- 37 SEVAUX Stéphane 35 Sarthe à 16h35’40’’
- 38 * CASO Jean Christophe 28 Groupe STEC / Charente Maritime à 16h57’10’’
- 39 * RIECHERS Jorg 11 Germanytoo à 18h50’31’’
- 40 BOUGARD Patrice 99 Kogane à 19h55’58’’
- 41 * THETIOT Sébastien 59 Déclic Morbihan à 20h30’52’’
- 42 * FOURNIER FOCH Thierry 36 Cortal Consors à 20h41’55’’
- 43 NABART Laurent 67 Corsica à 23h10’37’’

* première participation


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