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Du grand large à la plage : Toute l’actualité des sports de glisse depuis 2000

Trophée BPE

Eric Drouglazet aux commandes pour la montée au front

Sam Davies vise la deuxième place tenue par Charles Caudrelier

samedi 16 avril 2005Information Transat Bretagne - Martinique

Eric Drouglazet a pris les commandes de la flotte. Ce samedi à 16h, il pointe 19 milles devant Charles Caudrelier et 19,9 milles devant Samantha Davies, qu’il considère comme sa plus dangereuse rivale du moment. Mais Gildas Morvan pourrait profiter du passage d’un front froid qui va une nouvelle fois redistribuer les cartes !

« Un duel France-Angleterre aux Bermudes, c’est du jamais vu encore, je crois ! Je suis surpris de la tenue de Samantha que je n’arrive pas à décrocher réellement, mais je vais essayer de la faire craquer, quitte à changer de colonne vertébrale à l’arrivée... » Malgré le mal de dos consécutif à « beaucoup d’heures à la barre car il y a des milles à prendre en ce moment », Eric Drouglazet a de bonnes raisons d’être d’humeur badine à la vacation radio, ce samedi midi. Non seulement il empoche pour la quatrième fois le Top Chrono AG2R Prévoyance du plus rapide sur 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures (222,1 milles), mais surtout, il prend le commandement d’une flotte qui ne ralentit qu’à peine sa progression vers Cienfuegos de Cuba : six bateaux sur douze affichent de nouveau sur des rythmes supérieurs à 200 milles par jour.

Très tôt ce matin, le skipper de Crédit Maritime-Zerotwo a donc mis fin à septjours de règne de Charles Caudrelier. Joint sur son Bostik ce midi, le prince Charles accuse un peu le coup : « Je suis un peu déçu, forcément, car je n’ai pas vu le truc arriver. Ça me fait un peu mal au cœur mais bon, c’est la voile... je suis tombé dans une molle et suis obligé de naviguer sous génois pendant que les autres sont sous spi. J’ai du vent, mais pas dans la bonne direction ». Et si le dernier vainqueur de la Solitaire Afflelou Le Figaro ne manque pas de rendre hommage à Samantha Davies - « pour l’instant c’est elle qui fait la plus belle course, je suis vraiment impressionné par sa trajectoire » - il fait aussi bien comprendre qu’il ne faut pas compter sur lui pour baisser les armes. « La route est encore longue et pleine de pièges. » En outre, « les 500 derniers milles s’annoncent un peu comme une étape de la Solitaire et a priori c’est ma spécialité... même si Droug’ et Sam’ ne sont pas mal non plus ! »

Skandia va prendre la 2e place

Bonne humeur de mise forcément sur Skandia, qui devrait chiper la deuxième place à Bostik dans les heures voire les minutes qui viennent : les deux bateaux sont dans le même mille au classement de 16h, mais Samantha Davies va plus vite. Elle continue à engranger à la vitesse Vitesse #speedsailing d’un biréacteur de la Royal Air Force. Elle relégue par exemple le Cercle Vert de Gildas Morvan a plus de 20 milles... « Oui, oui c’est bien, je suis contente, je vais vite ! » s’exclame-t-elle, avant d’ajouter « mais il y a le passage d’un front froid à négocier, sans doute demain... le vent va basculer et faiblir derrière ».

Le front ? « Pour faire simple c’est la queue, le prolongement d’une dépression », explique le pédagogue Gildas Morvan. « En théorie, plus on le passe au nord et plus il y a de vent derrière » explique le skipper de Cercle Vert, qui est justement le plus au nord des cinq bateaux de tête. Et parie à son tour sur la transition avec bascule style tour complet de compas jusqu’au nord-est . « Je me suis fixé un maximum de 50 milles de retard avant de l’attaquer. Si j’en ai moins, je serais content, mais à mon avis ça va chauffer dès cette nuit ! » Cette nuit, demain, demain soir... Une nouvelle incertitude vient perturber les douze Figaro, à 1800 milles de l’arrivée. Et les cartes météo semblent indiquer qu’il vaut mieux passer nord d’abord, mais que le vent pourrait bien ensuite être plus soutenu au sud. Bonjour Kafka, bonjour Corneille, qui s’en sortira ?

« En tous cas moi je l’attends avec impatience, ce front, et j’espère bien une redistribution des cartes car sinon mon avenir n’est pas rose », soupire Marc Emig (Total-9e), juste après avoir confirmé que, selon lui, Gildas Morvan est le mieux placé pour négocier cette nouvelle transition. Même verdict chez Jeanne Grégoire, qui tient bien sa 5e place sur Banque Populaire : « Gildas devrait revenir avec ça. Moi, j’essaie de faire avancer le bateau au plus vite et je croyais y arriver mais je me rends compte que je n’arrive pas à reprendre 500 mètres aux autres... »

Autre match dans le match, alors que l’écart latéral entre nordistes et sudistes se réduit logiquement avant l’approche des Bahamas, celui entre les deux derniers vainqueurs de la Transat 6.50, Yannick Bestaven et Armel Tripon tourne pour l’instant à l’avantage du second. Gedimat-le-bâtisseur est passé 5 milles devant Aquarelle.com-le-fleuriste. « Le jour du départ j’ai oublié d’offrir des fleurs à ma femme dont c’était l’anniversaire. Alors toute la nuit, sous spi asymétrique, j’ai cherché à cueillir des pâquerettes dans le champ de Fanfan la Tulipe », s’amuse Armel Tripon. « J’espère bien qu’on va se battre pour autre chose que la septième place ! » répond, rigolard, Yannick Bestaven. Il ajoute « ça devrait mollir devant nous. Dès lundi ce sera un peu le bazar et je maintiens que les derniers 700 milles seront cruciaux ».

Suspense total. Qu’on ne vienne pas nous seriner ensuite que monotypie rime avec monotonie ou bien que cette première transatlantique en solitaire à armes égales se résume à un jeu Jeu #jeu de chevaux de bois, tous derrière et un seul devant jusqu’à la case ciel. Cette course a déjà connu quatre leaders en treize jours, des options hallucinantes, des météos extravagantes, des histoires de mer à en faire des livres. Et aujourd’hui, chacun a encore ses chances. Alors tant pis pour les esprits chagrins, mais on n’a pas fini de tirer des plans sur nos douze comètes. Pas fini non plus de saluer le courage d’un Dominic Vittet (Atao Audio System) qui souffrait le martyre cette nuit mais était le plus rapide sur l’eau en vitesse Vitesse #speedsailing instantanée cet après midi ; pas fini non plus de nous incliner devant la persévérance d’un Antonio Pedro da Cruz. Le skipper capverdien de Little Black Shark a fait son deuil d’un pilote performant (« le bateau me fait des 360, se met à contre, à la cape, part au lof, c’est franchement pas super »), mais pas d’un moral à toute épreuve ou presque : « je continue avec les moyens du bord, ça va le faire. Il y aura des jours meilleurs ». Par exemple dans une dizaine ou douzaine de jours, du côté de la baie de Cienfuegos de Cuba. Quand viendra l’heure de déflorer cette destination inédite. De retrouver les terriens. De leur raconter que le grand large, c’est un peu comme Seb et comme chez Laurette. C’est bien.

Bruno Ménard.


CLASSEMENT DU 16/04/05 14:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart
- 1 CREDIT MARITIME-ZEROTWO Eric DROUGLAZET 1767,5 0,0
- 2 BOSTIK Charles CAUDRELIER 1786,6 19,0
- 3 SKANDIA Samantha DAVIES 1787,5 19,9
- 4 CERCLE VERT Gildas MORVAN 1808,3 40,8
- 5 BANQUE POPULAIRE Jeanne GREGOIRE 1852,1 84,6
- 6 COUTOT ROEHRIG David RAISON 1858,6 91,1
- 7 GEDIMAT Armel TRIPON 1875,3 107,8
- 8 AQUARELLE.COM Yannick BESTAVEN 1880,7 113,2
- 9 TOTAL Marc EMIG 1909,9 142,3
- 10 ATAO AUDIO SYSTEM Dominic VITTET 1943,1 175,6
- 11 ENTREPRENDRE AU PAYS DE LORIENT Yannig LIVORY 1975,4 207,9
- 12 LITTLE BLACK SHARK Antonio Pedro da Cruz 2001,7 234,2



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