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Vendée Globe

Match à trois au Cap Horn entre le Bon, la Brute et le Terrible

Qui s’imposera aux Sables entre Le Cam, Golding et Riou ?

mercredi 5 janvier 2005Christophe Guigueno

Ils étaient 20 au départ des Sables d’Olonne le 7 novembre dernier. Ils ne sont plus que 15 en course quand les premiers reviennent en Atlantique... Ils étaient quatre grands favoris au départ du Vendée Globe. Ils ne sont plus que trois dans le match à plus de 6000 milles de l’arrivée. Lequel s’imposera fin janvier aux Sables ? Le Bon ? La Brute ? Ou le Terrible ?

Jean Le Cam tient la tête de la course...
Photo : Le Cam / Bonduelle

Après presque deux mois de mer, l’identité du successeur de Michel Desjoyeaux s’affine. Ils ne sont donc plus que trois à prétendre au titre. Ils étaient pourtant nombreux à rêver de ce sacre Olonnais. Ils étaient surtout quatre, armés des plus belles machines de course. C’étaient les grands favoris ! Il y avait Jean Le Cam et Roland Jourdain. Tous deux à la barre de magnifiques plans Lombard. Il y avait Jean-Pierre Dick et son superbe plan Farr. Enfin, il y avait Mike Golding et son immaculé plan Owen-Clarke.

Quatre bateaux neufs pour quatre favoris aux Sables

Déjà, dans cette liste, on ne retrouve pas de plan Finot. Cette fois-ci, personne n’a fait confiance aux architectes multiples vainqueurs du tour du monde pour concevoir une machine pour cette édition du Vendée Globe. La part belle est donc revenue à Owen & Clarke, déjà auteurs de Kingfisher, deuxième de l’édition 2000-2001 avec Ellen MacArthur. Les deux Bretons quant à eux ont fait confiance à Marc Lombard pour leur concevoir une évolution du bateau de Bilou, troisième il y a quatre ans. Enfin, toujours à part dans ce monde de solitaires, Jean-Pierre Dick a choisi l’option Farr, une option quand même étudiée par Michel Desjoyeaux il y a cinq ans...

De ce quatuor équipé de machines flambant neuves, il n’en reste plus que deux. Comme pour ses précédentes courses, Dick a connu des soucis techniques. Décroché d’entrée de jeu Jeu #jeu (il fallait attaquer très fort cette année), l’ancien vainqueur du Tour de France à la Voile, devrait passer en sixième place au Cap Horn. Une performance quand même honorable pour ce bizuth du Grand Sud. Si sa monture laissait présager une régate au sein du groupe de tête, la marin possède une confortable avance sur Nick Moloney et Joé Seeten, tous deux bien plus expérimentés que lui en course au large.

Il manque aussi à l’appel Roland Jourdain. Si sa quille n’avait pas une nouvelle fois fait des siennes, il serait sans doute dans le groupe de tête, bord à bord avec Le Cam, Riou et Golding. Hélas, Bilou a été victime du syndrome du bateau neuf. Un syndrome qui a, par le passé, fait du mal à Lalou Roucayrol ou Alain Gautier. Imaginez la situation... Vous avez un bon bateau. Mais un peu vieux. Votre sponsor vous propose de signer avec lui pour 4 nouvelles années avec, à la clef, un bateau neuf ! Mais la course importante de votre programme vient l’année suivante. Bien, vous choisissez le bateau neuf... et pendant la course, vous voyez votre ancien bateau, revendu à une autre écurie, vous filer devant ! Francis Joyon avait ainsi remporté la Transat Anglaise 2000 à la barre de l’ancien bateau des Banques Populaires quand le nouveau skipper, Lalou Roucayrol, et le nouveau bateau, chaviraient... Alain Gautier a connu cette situation aussi en 2002 lors de la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum quand son ancien bateau filait seul vers la victoire (avant de chavirer avec Stève Ravussin). Cette fois-ci, son ancien bateau armé par Alex Thomson a cassé avant lui mais le dominait sur le premier parcours en Atlantique. Après avoir connu des problèmes de résonance du voile de quille lors d’une The Transat The Transat #thetransat #ostar qualificative, c’est la tête de quille qui a lâché à mi-parcours. Roland a dû abandonner en terre Australe avant Noël. Est-ce qu’avec son ancien bateau, il aurait fait mieux ?

Dick et Jourdain hors jeu Jeu #jeu , Josse et Riou se révèlent

Vincent Le Terrible en pleine décontraction au Cap Horn !
Photo : B.Stichelbault/SAEM Vendée/DPPI

Personne n’aura la réponse ! Mais une chose est sûre... les bateaux de la précédente génération, s’ils ont été parfaitement préparés, sont dans le coup ! Seb Josse et Vincent Riou, les deux jeunes skippers du plateau, issus de l’école Figaro, l’ont démontré. Hélas pour Sébastien Josse, le benjamin de la course a joué au "maître du monde" et est allé taquiner de l’iceberg de trop près. Plus de peur que de mal pour Jojo. Mais VMI, l’ancien Sodébo de Thomas Coville, y a laisser son bout-dehors. Et cette pièce est indispensable pour tenir le point d’amure des genakers. Ainsi pénalisé et quelque peu "refroidi", Sébastien a décroché des leaders où il avait parfaitement sa place. Même s’il on pense que son plan Finot n’était pas armé pour un dernier parcours en Atlantique, le Niçois pouvait encore espérer un podium... avec son "vieux" bateau.

Il n’est reste donc plus que trois. Et le premier des trois, c’est le Terrible ! Vincent-Le-Terrible comme l’a ainsi surnommé Jean Le Cam quand il a croisé sa route aux abords du Grand Sud. Vincent Riou est l’autre jeune à la barre d’un vieux bateau. Mais quel bateau ! PRB n’est autre que l’ancien... PRB de Michel Desjoyeaux. La quille a quand même été changée entre temps et Vincent, à qui Michel a confié la barre du bateau pour cette nouvelle aventure Aventure , a entièrement revu le monocoque à sa propre sauce. Il en résulte que cette coque Finot équipée d’un pont Lombard fait jeu égal avec les tout nouveaux plans Owen-Clarke et Lombard. Survolé par un hélicoptère de l’organisation Organisation #organisation au Cap Horn, Riou s’est montré assez expansif. Un état rare chez un homme aussi discret. C’est qu’il est en forme ! Un podium sur le Vendée Globe et c’est déjà une consécration pour le successeur de Desjoyeaux. Alors, il n’a vraiment rien à perdre. Et Le Cam et Golding le savent bien.

Le Bon et la Brute ou... la Brute et le Bon ?

Après le Terrible, le Bon ! Jean Le Cam n’est pas un beau parleur mais c’est un beau gagneur. Ou presque. Ancien champion du monde de Formule 40, vainqueur de la Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire , de la Transat AG2R, Le Cam est un des meilleurs marins de sa génération. De la génération de la Vallée des Fous comme l’avait ainsi surnommée de Kersauson en parlant de Port-La-Forêt où s’entraînent les Figaristes. Le Cam est souvent surnommé "le Roi Jean". Invincible Le Cam ? Il n’a pourtant pas gagné La Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum , la Transat Anglaise ou le Vendée Globe comme Desjoyeaux ou Gautier. Alors pour le Cam, ce Vendée Globe, c’est sa course ! Et il a la pression... Une pression qui vient de le faire craquer lors d’une vacation en directe avec le PC Course à Paris. L’homme est furieux que la cartographie du site internet officiel ait présenté clairement ses manoeuvres pour contourner le Cap Horn. Une information précieuse pour ses concurrents immédiats. Et un cap où Bonduelle a perdu, en peu de jours, 200 milles d’avance sur ses poursuivants. 200 milles c’était d’ailleurs l’avance de Desjoyeaux sur MacArthur il y a 4 ans. Et la jeune Anglaise n’était pas passée loin de manger tout cru l’ami de Le Cam. Et cette fois-ci, ils sont deux à ses trousses : Vincent-Le-Terrible et encore un Anglais... La Brute.

Golding à la barre début décembre. A cup of tea à la main mais l’esprit à l’attaque !
Photo : M.Golding / Ecover

Pour gagner un tour du monde en équipage (payant) contre les vents dominants, il ne faut pas être un tendre ! Et Mike Golding n’en est pas un ! Il y a quatre ans, il était déjà au départ du Vendée Globe. Huit heures plus tard, le mât de son plan Finot s’écroulait sur le pont. KO ! Le temps de gréer un nouvel espar et l’Anglais était à nouveau en course, annonçant officiellement qu’il battrait le meilleur temps sur ce tour du monde. Il ne fera pourtant pas mieux que les 93 jours de Michel Desjoyeaux mais finira quand même son tour du monde. Pour cette édition, il a demandé aux architectes de Kingfisher de lui dessiner une nouvelle machine de course. A sa barre, il a gagné la Transat Anglaise et pulvérisé le record Record #sailingrecord de deux jours ! Sur ce Vendée Globe, Mike est parti avec sagesse, gardant ses distances avec les Frenchies déchaînés. Mais attention, il sait appuyer sur le champignon quand nécessaire. Impressionnant depuis le Cap de Bonne Espérance, Ecover a rejoint le Cap Horn en 31 jours et 9 heures : 27 heures de mieux que Le Cam ! Près de six jours de mieux que son ancien Ecover il y a quatre ans ! Deux jours et 10 heures de mieux que Desjoyeaux il y a quatre ans aussi ! Et surtout... moins de quatre heures de plus que Francis Joyon sur le trimaran IDEC de 27 mètres qui détient le record Record #sailingrecord absolu pour un tour du monde en solitaire... Alors attention, Mike est l’homme fort de l’Antarctique. Et sa monture, le nouvel Ecover, est armé pour la remontée de l’Atlantique.

Alors lequel des trois remportera la timbale aux Sables d’Olonne à la fin du mois ? Le Bon, la Brute ou le Terrible ? Faites votre choix !



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