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Vendée Globe • S3

Vincent Riou prend le relais à Jean Le Cam à l’abord des 40es

Le duo de tête prend 400 milles d’avance sur Josse et Jourdain

dimanche 28 novembre 2004Christophe Guigueno, Information Vendée Globe

Vincent Riou et Jean Le Cam sont les deux grands vainqueurs de la descente de l’Atlantique. Après trois semaines de course, PRB et Bonduelle sont les premiers à se caler sur une route plein Est et à prendre les rail de l’express antarctique. Avec 400 milles d’avance sur Roland Jourdain et Sébastien Josse, les deux hommes ont creusé un sacré écart sur leurs poursuivants immédiats. Au fil des dépressions et de la longue houle du Grand Sud, il faudra peut-être attendre le Cap Horn pour attendre une remise en jeu Jeu #jeu de cette avance. Derrière, le peloton de chasse est résté encalminé dans la pétole engendrée par l’Anticyclone de Ste Hélène. La course à la victoire semble s’être volatilisée pour eux... Et pourtant ! Les affaires sérieuses ne font que commencer. Tous les concurrents sont encore en course. Le grand jeu Jeu #jeu de l’élimination peut commencer. Attention aux sorties de route, le Grand Sud ne pardonnera pas. Retour sur une troisième semaine de course (Informations officielles).

Dimanche 21 novembre : Deux semaines express et le groupe de tête retrouve des allures portantes

La régate ne pouvait pas mieux démarrer pour le skipper breton qui a occupé la première place pendant près d’une semaine, et s’accroche efficacement à la deuxième. Après deux semaines de course, Vincent Riou (PRB) tire, avec beaucoup de sérénité, un bilan plein d’enseignements avant d’attaquer le grand sud.« Dans une semaine, nous serons dans les 40es. Finalement, il n’y a pas tant d’écarts que cela avec les nouveaux bateaux. Si Jean (Le Cam) est devant, c’est parce qu’il a bien navigué, ce n’est pas parce qu’il va plus vite. Ça me donne le moral. Je pense qu’il y a plus à gagner sur la manière d’utiliser le bateau et sur les trajectoires que sur le potentiel réel de nos monocoques. Je suis assez clair sur la manière dont je vais devoir naviguer dans le Sud. Il va juste falloir être raisonnable, ne pas trop attaquer et ne pas aller trop dans le mauvais temps. Il y a un peu d’excitation, je suis pressé d’y aller. La course va changer quand nous entrerons dans le Sud. Là-bas, la place du marin est beaucoup plus importante. »

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « L’anticyclone est scindé en deux parties. Et il va se reformer dans les prochains jours. C’est bien ça le souci. Dans l’absolu, il fallait être un jour devant pour faire un coup d’enfer. Mais ce qui compte, c’est par rapport aux concurrents. Et là, le suspense bat son plein, comme on dirait ! Je vais ouvrir mes cartons de la troisième semaine, changer mes bidons de gasoil. C’est ça qui rythme la vie. Le problème est de ne pas manger tout ce qu’on aime bien dans un carton dès le premier jour. Sinon après, on est marron ! »

- Vincent Riou (PRB) : « C’est un bon dimanche. On est au portant et il fait moins chaud. Ça glisse bien et on peut rester dehors sans se faire rincer. PRB adore cette allure. Ces deux premières semaines ont été fantastiques. Je n’ai jamais été arrêté ! Dire que dans une semaine, on sera dans les quarantièmes ! C’est très excitant. Le scénario de course est super car tout le monde a encore sa chance. Il faudra juste être un peu plus malin que les autres. Je ne pense qu’au Sud depuis le début. J’ai échafaudé dans ma tête toutes les manières de naviguer là-bas. Et depuis les Sables, j’ai encore trouvé quelques astuces. Je sais aussi qu’il faudra être raisonnable, faire des choix de marins. J’ai hâte de découvrir l’Océan Indien et le Pacifique. Je ne suis pas du tout traumatisé de ma seconde place. Je trouve formidable que quatre copains de Port la Forêt qui se connaissent et s’entraînent ensemble occupent les quatre premières places du Vendée Globe. »

- Sébastien Josse (VMI) : « Je viens de faire un check-up complet du bateau. Je commence à bien ranger l’intérieur. J’inspecte mes voiles dans la perspective des scénarii à venir. On va bientôt changer de régime. Finis les « grands bords de sanglier », tout droit et à fond. Il va falloir négocier des petits airs, regarder les fichiers mais aussi lever le nez vers le ciel et les nuages... »

- Raphaël Dinelli (Akena Vérandas) : « Je viens de passer l’équateur, à 12 heures 30 française. C’est champagne ! Un moment de détente et d’émotion pour moi, un peu magique, comme le passage dans les îles du Cap vert... Mon début de course a été le prolongement de mes dernières semaines aux Sables : une opération commando. Après le départ, j’étais un peu KO. Il y avait encore beaucoup de préparations à terminer. Mais depuis quelques jours, cela va mieux et j’entre tranquillement dans la course. Le désalinisateur fonctionne et j’ai aveuglé la fissure à la base du puits de dérive. Je stratifierai plus tard. Le bateau va bien dans ce régime d’alizé. Il est lourd, et c’est le plus large de la flotte. Il aime les allures débridées. En revanche, il souffre dans les petits airs. »

• CLASSEMENT DU 21/11/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 BONDUELLE JEAN LE CAM 19785,9 0,0 13,6 13,7 142
- 2 PRB VINCENT RIOU 19803,8 18,0 13,2 13,6 152
- 3 VMI SEBASTIEN JOSSE 19830,7 44,9 16,0 16,3 149
- 4 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 19844,0 58,1 13,8 14,4 154
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 19897,7 111,8 12,0 13,4 165
- 6 HUGO BOSS ALEX THOMSON 19923,3 137,4 11,9 12,4 155
- 7 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 20083,0 297,2 13,9 16 169
- 8 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 20165,2 379,4 10,4 11,9 170
- 9 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 20217,1 431,3 9,8 11,7 175
- 10 UUDS HERVE LAURENT 20220,7 434,9 10,4 11,1 163
- 11 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 20222,6 436,7 11,2 11,5 156
- 12 SKANDIA NICK MOLONEY 20222,9 437,0 11,4 12,3 165
- 13 PRO-FORM MARC THIERCELIN 20230,5 444,6 10,7 11,5 165
- 14 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 20310,5 524,7 9,9 12 177
- 15 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 20362,9 577,0 8,6 9,9 172
- 16 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 20629,0 843,1 9,1 10,3 174
- 17 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 20663,2 877,4 8,4 10,6 186
- 18 ROXY ANNE LIARDET 20688,5 902,6 8,5 10,9 188
- 19 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 20728 942,2 6,9 9,2 189
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 20971,5 1185,6 8,5 8,6 185


Lundi 22 novembre : Roland Jourdain remonte à la 3e place devant Sébastien Josse • Norbert Sedlacek toujours seul au nord

« C’est le moment de tirer un peu sur le bateau » lâche Jean Le Cam (Bonduelle), solide leader, à la vacation du jour. « Il ne faut pas traîner en route car cela s’échappe par devant » confirme Vincent Riou (PRB), 2e à 43 milles. Le Vendée Globe serait-il en train de vivre un de ses premiers grands tournants ? Un moment décisif et peut-être bien irréversible ? Comme à son habitude, l’anticyclone de Sainte-Hélène risque de jouer les juges de paix. Les premiers tentent d’accrocher la queue d’une petite dépression qui s’échappe vers le sud-est. Combien de solitaires en sortiront avant l’arrêt-buffet des calmes de l’anticyclone ? Un ? Quatre ? Six au maximum ? Quel que soit le nombre de concurrents à franchir cette zone d’incertitude, la course prendra une toute autre tournure pour ceux restés du mauvais côté de ce passage à niveau. A moins que tous se fassent bloquer, ce qui reste une éventualité. Les prochaines 48 heures s’annoncent donc électriques à bord des monocoques du Vendée Globe. Ceux qui arriveront à s’échapper prendront une sérieuse option sur le dénouement de ce 5e Vendée Globe...

Le dernier groupe de solitaires, constitué de Dinelli, Parnaudeau, Liardet et Leibovici, est entré dans l’hémisphère sud depuis dimanche, avec plus de 1000 milles de retard sur les premiers. Lanterne rouge de ce Vendée Globe, Norbert Sedlacek (Brother) sort à peine du Pot-au-Noir. Il ne devrait pas franchir l’équateur avant mercredi ou jeudi, soit une semaine après Jean Le Cam.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « C’est maintenant qu’il faut aller vite ; il y a un flux intéressant à prendre, mais il avance en même temps que nous, peut-être même un peu plus vite. La porte de sortie se concrétise un peu plus chaque jour. C’est le moment de tirer un peu sur le bateau. Pour ceux de derrière, cela risque de se transformer en soupe à la grimace. »

- Sébastien Josse (VMI) : « Quatrième ! Je n’en fais pas un drame. Je suis même plutôt soulagé. Je préfère être chasseur que chassé. Avoir un chien furieux qui vous coure après, cela devient énervant et je ne suis pas content de ma façon de naviguer ces derniers jours.. Il y a un wagon à prendre et je ne tiens pas à le rater, au risque de voir ceux de devant s’échapper et ceux de derrière revenir. »

- Vincent Riou (PRB) : « On y verra plus clair dans 36 heures. Il ne faut pas traîner en route car cela s’échappe par devant. Le Cam a bien accéléré. On le suit gaiement à fond. Il ne faut pas rater le coche. Mais c’est dans la culture des Figaristes, aller vite tout le temps. Il est vrai que depuis le début de ce Vendée Globe, ça passe par devant. »

- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « La nuit dernière était peu ventée pour moi. Le vent est revenu ce matin, mais j’ai perdu un peu de temps. Il faut maintenant trouver un passage vers le sud, en espérant que les bateaux de tête ne se seront pas échappés. Ces derniers jours dans l’alizé ont été extraordinaires. La course est fabuleuse avec des vitesses fantastiques. J’ai eu du mal psychologiquement à entrer dans la course ; le contraste entre l’émotion et l’intensité du départ était difficile à assumer. Du coup ma vision des situations météo était moins bonne. »

- Nick Moloney (Skandia) : « C’est tout à fait étonnant de naviguer ainsi bord à bord avec Conrad Humphreys (Hellomoto). C’est parfois frustrant lorsque c’est lui qui prend l’avantage ou bien très excitant quand je le repasse. Nous communiquons un peu et échangeons nos avis sur la tête de la course. Nous essayons surtout de nous prévenir lorsque l’on va dormir afin d’éviter une collision toujours possible lorsque l’on navigue à moins de 300 mètres. J’ai connu un début de course difficile, un peu stressant, et avec un passage terrible dans le Pot-au-Noir. Mais je prends du plaisir dans cette course. L’ambiance du départ était extraordinaire et nous laisse envisager ce que sera le retour... Mon retard ne me panique pas. J’ai connu une situation semblable dans la Whitbread. Mon objectif est d’arriver, donc de sortir du grand Sud intact. »


Mardi 23 novembre : Alex Thomson tente le bord du facteur et met le cap vers l’Argentine alors qu’un coup de frein pénalise les leaders

Pour la première fois depuis le départ de ce Vendée Globe, la tête du classement lambine sur le chemin du grand sud. Lors des dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures , seulement 204 milles ont été ainsi parcourus par Jean Le Cam (Bonduelle), soit seulement 8,5 nœuds de moyenne. Même le passage du Pot au Noir n’avait pas provoqué pareil ralentissement chez les leaders. Ce changement de cadence a le don de faire monter la pression.

« Cela se défend. C’est intéressant qu’il y ait des gars comme Alex qui tente des coups. Résultat des courses dans quatre à cinq jours ». Tout en commentant l’option ouest prise par l’anglais Alex Thomson (Hugo Boss), Roland Jourdain (Sill et Veolia) ne cache qu’il allait plutôt jouer au gagne petit et que, pour l’instant, sur ce coup là, il s’en sortait à moindre frais. « J’avais peur jusqu’à hier que Jean parte avec le vent. Visiblement, on est tous bloqués dans le même trou et je préfère cela ». Moins de stress donc pour Bilou, mais stress quand même à bord de tous les bateaux où l’enjeu est le même : descendre vers le sud alors que le vent souffle dans les « fesses » pour seulement 8 à 10 nœuds, parfois moins. « Tant que je ne naviguerai pas dans un flux d’ouest, je ne serai pas décontracté », lâche Vincent Riou (PRB) bien revenu dans la roue du leader, avec désormais 19 milles de retard au classement de 16 heures. « Jean s’est démarqué ce matin. Il le paye un peu cher. Mais c’est lui qui arrive en premier dans le nouveau système météo. Il ouvre la voie et derrière on en profite. Dans ces cas là, c’est pas mal d’être chasseur ».

- Alex Thomson (Hugo Boss) : « C’est dur de sortir du groupe mais je ne vois pas d’issue à suivre les autres. Je ne suis pas sûr de mon coup mais, avec un peu de chance, cela peut très bien se passer pour moi ».

- Mike Golding (Ecover) : « Cette nuit, j’ai empanné pour descendre vers le sud-ouest. J’ai vu que cela ne marchait pas comme je voulais, alors je suis revenu sur l’autre bord pour reprendre une route proche de la route directe. Je suis sous gennaker, avec 10 nœuds de vent et une houle résiduelle de secteur nord ». Joe Seeten (Arcelor Dunkerque) : « Je ne pense pas que cela calera longtemps devant. Je suis monté au mât il y a 48 heures maintenant. J’ai profité d’une petite fenêtre météo et je suis resté deux heures là-haut pour démonter un solent détruit. La grande aventure Aventure va bientôt commencer et c’est là que la course va vraiment débuter ».

- Karen Leibovivi (Benefic) : « Régulièrement je vais voir la météo pour voir ce qui nous attend dans le Sud. Autrement je prends soin de moi-même, même s’il fait très chaud actuellement. Le régime est plutôt à la diète avec beaucoup d’eau. En même temps, je fais attention à bien me nourrir car je sais qu’ensuite nous aurons moins de temps pour bien manger ».


Mercredi 24 novembre : Vincent Riou reprend le commandement à Jean Le Cam • Mike Golding revient sur Sébastien Josse

Depuis plus de 36 heures, le vent faible anime une nouvelle partition sur le Vendée Globe. La porte de sortie n’est plus très loin pour les leaders, notamment pour Vincent Riou (PRB), nouveau leader pour 1,7 milles, et Jean le Cam (Bonduelle), les mieux placés pour s’extraire de la dorsale anticyclonique qui freine actuellement le rythme de la course.

Et derrière, c’est pis encore. A partir de Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), septième, ce n’est plus une dorsale que les marins vont avoir à traverser, mais bel et bien un anticyclone, plus vaste encore. Heureusement, les 60 pieds monocoques filent à 6/8 nœuds où moindre souffle d’air. Nous ne sommes plus à l’époque des cathédrales à voile, engluées pendant des semaines au même endroit. Il suffit juste d’un peu de patience pour trouver le flux salvateur de sud-ouest à ouest. Ce flux qui les mettra alors sur orbite autour de l’antarctique.

A bord de Pro-Form, Marc Thiercelin est 12e...
Photo embarquée du 23 novembre / M.Thiercelin / Pro-Form

- Vincent Riou (PRB) : « Cela se prolonge un peu. La dorsale anticyclonique qui est juste au dessus de la dépression se déplace avec nous. Nous sommes toujours sous son influence. Il faut rester calme, zen. Tout cela est un peu laborieux. C’est beaucoup d’attention et on comptera les points dans un peu plus de 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures  ».

- Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « La nuit n’a pas été simple, avec quelques virements de bord et un vent qui bougeait beaucoup en direction. J’ai eu peur d’avoir beaucoup perdu pendant la nuit et finalement, entre hier et ce matin, l’hémorragie est à peu près endiguée. C’est déjà cela de pris ».

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Nos bateaux, avec 300 m2 de toile, nous permettent d’avancer dans les tous petits airs. Là, je préfère barrer le plus souvent car pour une fois je suis meilleur que Popaul (son pilote automatique NDLR). Je luis dois bien cela. Faut que l’on reste copain ».

• CLASSEMENT DU 24/11/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

- Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 PRB VINCENT RIOU 19088,0 0,0 1,5 5 207
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 19089,7 1,7 1,0 1,1 161
- 3 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 19160,4 72,4 3,9 5,8 184
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 19220,2 132,2 4,5 7,1 184
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 19263,4 175,4 5,9 10,2 188
- 6 HUGO BOSS ALEX THOMSON 19481,6 393,6 -0,2 6,8 220
- 7 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 19487,5 399,5 8,0 10,1 170
- 8 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 19533,3 445,2 7,0 8,3 167
- 9 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 19539,1 451,1 9,7 12 173
- 10 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 19548,3 460,2 4,5 7,8 190
- 11 SKANDIA NICK MOLONEY 19566,5 478,5 6,4 10,1 188
- 12 PRO-FORM MARC THIERCELIN 19578,9 490,9 7,3 7,8 160
- 13 UUDS HERVE LAURENT 19585,6 497,6 4,0 7,1 191
- 14 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 19671,0 583,0 8,4 9,7 167
- 15 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 19790,8 702,8 6,0 11,1 196
- 16 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 20056,3 968,3 9,5 10,7 168
- 17 ROXY ANNE LIARDET 20157,0 1069,0 6,4 9,1 188
- 18 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 20183,3 1095,3 8,3 10,5 177
- 19 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 20250,5 1162,5 8,7 10,3 173
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 20529,3 1441,3 2,8 9,4 216


Jeudi 25 novembre : Le Cam et Riou ont réussi à passer l’axe de la dorsale anticyclonique et s’échappent sur la route directe dans un vent forcissant d’heure en heure

« Le sujet du jour reste bien la petite tôle que je prends aujourd’hui »... Cette phrase de Roland Jourdain (Sill et Veolia) est claire et sans ambiguïté. Le finistérien, à l’image de ses compères de galère Sébastien Josse (VMI) et Mike Golding (Ecover), n’avait pas les quelques petits milles de décalage dans le sud qui ont permis à Jean Le Cam (Bonduelle) et Vincent Riou (PRB) de prendre la poudre d’escampette. Car le sujet du jour est bien l’échappée que sont en train de faire les deux leaders, les premiers à s’échapper de cette prison aux murs de vents mous nommée anticyclone de Sainte-Hélène.

bilou est grimpé dans son mât pour checker le tout avant les grandes cavalcades du Grand Sud.
Photo : R.Jourdain / Sill & Véolia

« Tout d’abord j’étais bâbord amure (ndlr, vent venant de la gauche) puis le vent a mollit, mollit, mollit et ensuite j’ai senti des petites bouffées de vent qui venaient, un petit vent qui te chatouille les naseaux... » explique Jean. « Et puis les effets ont été de plus en plus forts. Tu ne peux pas dormir dans ces conditions de vent pas établies car si tu rates la petite bouffe de vent, tu peux y passer la semaine là-dedans ! ». Et le résultat est sans appel : Jean Le Cam (Bonduelle) possède à 16 heures ce jour 214 milles d’avance sur Roland Jourdain (Sill et Veolia), 223 milles sur Sébastien Josse (VMI) et 273 milles sur Mike Golding (Ecover). Des écarts qui, hier, n’étaient que de 175 milles au maximum... Un rapide retour en arrière montre en fait que tout s’est passé hier soir. « C’est vers 21 heures hier soir que nous avons vu Jean et Vincent démarrer » précise Denis Horeau, directeur de course du Vendée Globe 2004. « Ils sont partis et les autres sont restés scotchés derrière ! ». Concrètement, Bonduelle et PRB ont été les premiers à traverser la dorsale anticyclonique qui leur barrait la route et à toucher les vents de sud-ouest qui souffle sur le versant sud de cette dernière. Une fois du bon côté de la dorsale, les deux compères ont profité d’un vent de sud-ouest de plus en plus présent leur permettant d’allonger inexorablement la foulée.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « C’est sûr : il valait mieux être dans le sud ! J’ai investi à un petit moment dans l’ouest et j’ai vu que PRB était bien passé également. C’est parfait ! Je suis avec mon ami de toujours... J’ai beaucoup barré, c’était la journée de RTT de Popol (ndlr, le pilote automatique). C’est bien d’être à deux, cela crée une émulation. Le bilan de ce début de Vendée Globe est très positif dans le global : le bateau est super, le bonhomme est fatigué mais content ! ».
- Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « La situation n’est pas brillante, la porte s’est refermée... C’est l’enfer depuis hier soir. La transition a eu lieu en début de soirée et la nuit a été dure avec du vent dans tous les sens... J’étais dessus toute la nuit ! Je pense que cela s’est même joué à quelques milles près. Il se produit le scénario que je ne voulais pas ! J’ai fait un gros boulot hier et patatrac, je me suis mis dans l’impasse totale. J’ai aussi un petit souci avec l’ancrage de pilote automatique sur un de mes safrans. J’ai fait un petit peu d’acrobatie sur l’arrière pour renforcer cela. Je suis même monter en tête de mât pour vérifier tout le gréement. Mais je ne lâcherai jamais et je ne vais pas me mettre martel en tête ! »
- Nick Moloney (Skandia) : « Je suis en face d’un gros problème. L’anticyclone grossit et je ne sais pas comment cela va se passer. Passer par l’ouest comme je voulais le faire me semble aujourd’hui difficile. Il va peut-être falloir essayer de passer au milieu. Mais je suis heureux là où je suis. J’ai trop voulu être là pour ne pas me satisfaire de mon sort. J’ai toujours rêvé de faire le Vendée Globe. Depuis le départ, il y a eu plein de choses formidables. Et la route est encore longue ».
- Sébastien Josse (VMI) : « C’était prévu ce qu’il s’est passé. Les premiers dans le sud ont été les premiers à redémarrer. Ils sont partis avec de la pression et nous, on sort difficilement de la bulle... Ces coups là, on les connaît, c’est une situation type et c’est sûr qu’ils allaient se casser par devant. Mais bon, la prochaine correspondance sera pour moi. J’ai un vieux diesel mais j’entends déjà le train siffler ! Le décor ? Il y a deux ou trois oiseaux, une super pétole, des nuages, du bleu et moi à la barre qui prend des coups de soleil ! ».
- Raphaël Dinelli (Akena Vérandas) : « La nuit a été agitée et c’était un vrai champs de bataille. Les alizés sont très perturbés et il y a des rotations de vent de 60°. Le vent passe de 10 à 25 nœuds. J’ai mis un peu de charbon et j’ai bien bataillé cette nuit pour essayer de revenir sur la flotte et de me placer par rapport à l’anticyclone. J’ai une petite liste de travaux à faire et je les ferai quand je serai dans les calmes ».


Vendredi 26 novembre : 0,3 mille entre Jean Le Cam et Vincent Riou qui progressent vers le sud 5 nœuds plus vite que le reste de la flotte

« La course est en train de se jouer là et nous ne sommes pas prêts de les revoir. C’est un peu agaçant... ». La phrase est de Joé Seeten (Arcelor Dunkerque). Et si elle résume la situation un peu expressément, on constate que les deux leaders sont en train de glisser 5 nœuds de vitesse Vitesse #speedsailing plus vite que leurs plus proches poursuivants. Et l’addition est de plus en plus lourde au fil des classements puisque Roland Jourdain est à 16 heures ce jour à 299 milles derrière, Sébastien Josse (VMI) à 307 milles et Mike Golding (Ecover) à 409 milles. Alex Thomson (Hugo Boss), 6e et toujours décalé dans l’ouest, est à 643 milles du leader. Détail important, l’Anglais semble avoir mangé sa part de pain noir et a touché du vent au dernier pointage. Aux vues des cartes météo, il a réussi à traverser l’anticyclone et commence à naviguer dans un vent de sud-ouest, signe annonciateur d’un bonheur proche.

Jean Le Cam a croisé la route et photographié le PRB de Vincent Riou
Photo : J.Le Cam / Bonduelle

Ils sont donc six à être « sortis » de cet anticyclone de Sainte-Hélène qui, comme le remarque Jean Le Cam (Bonduelle) « est en train de gonfler et en plus, descend dans le sud. Pour ceux de derrière, c’est la complète ! ». En écho, Nick Moloney sur Skandia décrit la situation : « c’est de pire en pire, je suis totalement encalminé depuis 12 heures maintenant. C’est le calme plat et la mer est un vrai miroir. Je n’ai fait que deux siestes de 15 minutes. D’après les prévisions météo, tout le monde va connaître la même situation. J’ai un psychiatre en stand-by ! ». Une terrible situation qui ne va qu’empirer au fil des heures puisque le passage à niveau qui laisse difficilement partir Alex Thomson (Hugo Boss) et Mike Golding (Ecover) est bien en train de coincer tout le monde du mauvais côté de la voie. L’anticyclone de Sainte-Hélène reconstitué est en train de s’installer en travers de l’Atlantique et ce, pour plusieurs jours. La porte de sortie va être de plus en dure à trouver.

- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Le jour se levait, j’étais à l’extérieur et j’ai vu à 200 mètres juste devant moi, Vincent le Terrible (PRB). C’était incroyable, incroyable... J’ai commencé à mettre une veste polaire la nuit, la nuit prochaine ce sera la paire de chaussettes aux pieds et on va très vite arriver à la cagoule. On a eu chaud pendant quinze jours maintenant on va avoir froid pendant un mois. Vincent et moi ? On était fait pour se rencontrer ! ».
- Vincent Riou (PRB) : « On ne peut pas rêver meilleure situation pour aborder le grand Sud car nous sommes relativement détendus vis-à-vis de la concurrence. Il ne faut pas trop la ramener sur ce sujet car on sait que cela peut se passer dans l’autre sens mais je préfère arriver à deux par ici, en plus deux garçons plutôt raisonnables, que dans un groupe d’énervés. Au niveau sécurité, cela détend l’atmosphère ! ».
- Mike Golding (Ecover) : « J’essaye de naviguer le plus vite possible que je peux dans le sud. Objectivement, je suis très frustré... J’ai besoin d’être le plus rapidement possible dans le même système météo que ceux de devant mais je ne suis pas sûr encore de ce que je vais avoir dans un futur proche. Les bateaux de devant ont semble-t-il de nouvelles conditions... Ici, c’est un jour gris avec un vent de sud/sud-ouest ».


Samedi 27 novembre : Vincent Riou et Jean Le Cam sont à 1 400 milles de la pointe de l’Afrique du Sud et abordent les 40e Rugissants

Grande première sur le Vendée Globe ! Lors de la vacation, le plus naturellement du monde, Vincent Riou annonce que son PRB est tiré par son grand gennaker, alors que le grand spi serait, d’après lui, la voile du temps. « On navigue sous toilé et cela ne se passe pas trop mal pour moi. PRB va bien, ce qui m’a permis de me décaler un peu de Bonduelle. Nous avons les premiers signes des mers du sud, avec la houle qui arrive. On a renfilé les polaires et les bottes, même si la température est encore à 15/17°C ». Parler ainsi de sa voilure, combinaison que les leaders aiment d’habitude garder sécrète, montre bien que l’important n’est pas là. L’important est de se reposer, de travailler la trajectoire avec une vision à 4/5 jours et de mettre son bateau en parfait état pour affronter le futur mauvais temps. Celui-ci va venir dès la nuit de dimanche prochain, avec la première dépression que PRB et Bonduelle vont accrocher. « Cela va être une bonne mise en jambes, avec des vents au dessus de 30 nœuds. Nous devrions rester avec elle un petit moment ». Alors que la longitude du cap de Bonne Espérance n’est plus qu’à 1 400 milles des étraves de PRB et Bonduelle, cette dépression devrait permettre de doubler le premier des trois grands caps du parcours dans la journée de mercredi prochain.

- Patrice Carpentier (VM Matériaux) : « Ce matin, j’ai croisé un cargo, ce qui est rare dans le coin. Sa présence était presque incongrue, il m’a rappelé la société. En fait, les positions des concurrents sont notre seul attache à la vie moderne ».
- Dominique Wavre (Temenos) : « Cette anticyclone nous englue, nous ne sommes toujours pas passés de l’autre côté. C’est très frustrant car cela me paraît impossible de revenir. Il faut un anticyclone comme celui-ci ou un Pot au Noir pour avoir une situation de blocage suffisante. A moins d’une situation étonnante dans le sud de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande, je ne vois pas comment on peut sauter d’un système météo à l’autre ».
- Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) : « Je m’attends à pas mal de vent d’ici deux à trois jours. Il va falloir bien doser l’attaque. J’ai installé ma voile d’avant de tempête sur le pont et j’ai fini la réparation du balcon avant. Je peux maintenant m’appuyer dessus comme avant ».
- Karen Leibovici (Benefic) : « Je suis vent de travers, à 10/11 nœuds et le bateau tape moins qu’avant puisque je suis plus au portant qu’il y a deux jours. Je ne suis pas loin de mes petits copains. C’est bien pour la compétition d’être ensemble tous les trois (avec Roxy et Max Havelaar Best Western NDLR). En revanche, Raphaël Dinelli s’est fait la malle depuis quelques jours ».


Dimanche 24 novembre : Vincent Riou est en tête de 21,1 milles devant Jean Le Cam, cap à l’Est

Le grand bal a commencé pour les quatre leaders du classement. Tous naviguent maintenant sous les bons effets d’une dépression (970 Hpa) située à 1 100 milles plein sud. Le vent a monté graduellement (20 nœuds) et va continuer de le faire au passage de celle-ci (30 nœuds voir 40). Les vitesses ont accéléré progressivement et Vincent Riou (PRB) et Jean Le Cam (Bonduelle) entretiennent maintenant leur matelas d’avance de 400 milles.

• CLASSEMENT DU 28/11/04 04:00 GMT (05H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 PRB VINCENT RIOU 18152,3 0,0 10,7 15,8 76
- 2 BONDUELLE JEAN LE CAM 18174,0 21,7 10,6 13,3 87
- 3 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 18552,5 400,2 15,0 15,5 133
- 4 VMI SEBASTIEN JOSSE 18556,1 403,9 14,1 14,1 124
- 5 ECOVER MIKE GOLDING 18723,3 571,0 13,2 13,2 124
- 6 HUGO BOSS ALEX THOMSON 18940,2 787,9 9,4 13,1 165
- 7 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 19052,3 900,0 3,2 4,3 167
- 8 SKANDIA NICK MOLONEY 19057,4 905,2 9,1 9,4 112
- 9 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 19096,2 943,9 1,2 1,2 126
- 10 PRO-FORM MARC THIERCELIN 19097,8 945,5 2,0 4,5 192
- 11 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 19118,9 966,6 1,2 1,9 187
- 12 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 19120,4 968,1 1,1 4,6 206
- 13 UUDS HERVE LAURENT 19227,9 1075,6 1,2 3,1 193
- 14 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 19238,6 1086,4 6,0 6,4 108
- 15 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 19272,5 1120,2 10,0 10,4 140
- 16 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 19383,2 1231,0 7,7 9,7 167
- 17 ROXY ANNE LIARDET 19535,0 1382,7 8,9 10,5 164
- 18 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 19539,0 1386,7 10,2 10,7 150
- 19 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 19551,2 1398,9 9,3 11 164
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 19921,2 1768,9 7,8 11,7 188



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