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Vendée Globe • S1

Semaine 1 autour du monde : Vincent Riou dégolfe en tête

Jean Le Cam prend le relais aux Canaries

dimanche 14 novembre 2004Christophe Guigueno, Information Vendée Globe

Le départ a été donné des Sables d’Olonne dimanche 7 novembre à 13h02. Jusqu’à dimanche 14 novembre, ils seront deux skippers seulement à se relayer en tête de la course. Vincent Riou, à la barre de PRB, le bateau que Michel Desjoyeaux, vainqueur de l’édition précédente lui a confié, part en tête. Il ne lachera la première position que pour la céder à Jean Le Cam sur le nouveau plan Lombard Bonduelle. Grâce à une meilleure option à l’approche du pot au noir, Le Cam, prend vite 50 milles d’avance sur un groupe de chasse où les spécialistes du solitaire issus du circuit Figaro et du centre d’entraînement de Port La Forêt montrent leur supériorité. Retour sur une première semaine autour du monde.

Dimanche 7 novembre : Vincent Riou ouvre la ligne de départ

13h02. Le vent que l’on attendait de secteur est dominant n’a pas été au rendez-vous et c’est un vent faible de 8 nœuds de secteur nord-ouest qui a accueilli les vingt solitaires. La ligne sera coupée à 13h02 précises par PRB qui sera le plus prompt à dérouler son gennaker juste avant le passage de la ligne. Vincent Riou est donc le premier à entrer, de pleine étrave, dans ce Vendée Globe 2004. Les monocoques portaient tous grand-voile haute, solent puis gennaker sur l’avant. Le parcours côtier N°3 choisi par la Direction de Course et le Comité de Course permettait de virer une bouée (Roches de Joanne) en face de Bourgenay puis celle de la Basse de la Pironnière devant les Sables d’Olonne. Ce parcours faisait précisément 6 milles (11,2 km) de long avant de libérer les vingt solitaires.

Les monocoques réunis au moment du départ du 5e Vendée Globe
Photo : J.Vapillon / DPPI / Vendée Globe

C’est Vincent Riou (PRB) qui, une fois de plus, termine premier de ce parcours côtier même si Virbac-Paprec avait passé la première marque en tête. Vincent Riou (PRB), en parfait régatier et parfaitement maître de son monocoque, va faire un meilleur cap que Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) et repasse en tête à la deuxième marque mouillée devant les Sables d’Olonne. PRB n’est autre que le bateau vainqueur de la dernière édition, skippé alors par Michel Desjoyeaux. Bonduelle de Jean Le Cam se glisse à la troisième place devant VMI de Sébastien Josse. Ecover de Mike Golding est cinquième à la fin de ce parcours côtier. Le dernier à virer la marque de parcours finale sera Benefic de Karen Leibovici, soit 46 minutes après PRB de Vincent Riou.

• Ordre de passage sur la ligne de départ

1. PRB - 2. Ocean Planet - 3. Temenos - 4. VMI - 5. Akena Vérandas - 6. Hugo Boss - 7. Hellomoto - 8. Skandia - 9. VM Matériaux - 10. Bonduelle - 11. Virbac-Paprec - 12. Sill et Veolia - 13. UUDS - 14. Arcelor Dunkerque - 15. Max Havelaar/Best Western - 16. Ecover - 17. Roxy - 18. Brother - 19. Pro-Form - 20. Benefic

• Classement du parcours côtier

1. PRB - 2. Virbac-Paprec - 3. Bonduelle - 4. VMI - 5. Ecover - 6. Hellomoto - 7. Sill et Veolia - 8. Hugo Boss - 9. Skandia - 10. Roxy - 11. Arcelor Dunkerque - 12. UUDS - 13. Pro-Form - 14. Ocean Planet - 15. Temenos - 16. VM Matériaux - 17. Akena Vérandas - 18. Max Havelaar / Best Western - 19. Brother - 20. Benefic

- Vincent Riou (PRB) : « Comment se sont passées ces dernières heures ? Au lit ! Je me suis réveillé vers 4 heures mais tout de suite je me suis rendormi. J’ai très bien dormi... Je me suis même demandé s’il n’avait pas mis un truc dans ma soupe pour que je dorme bien... (rires). En fait vivement ce soir qu’on soit loin de la côte et des bateaux spectateurs. Ce serait bien qu’il n’y ait pas de déçus ce soir ! ».
- Sébastien Josse (VMI) : « C’est vrai que ce n’est pas la nuit la plus agréable que j’ai passé... Je n’ai pas arrêté de tourner dans mon lit et de regarder le plafond... J’ai commencé mes nuits fractionnées involontairement. Une nuit de 7 novembre, quoi ! J’ai plein d’émotions internes, il va falloir que cela sorte et cela se fera petit à petit... Je pense que cela ira mieux au Cap Finisterre ».
- Jean Le Cam (Bonduelle) : « A chaque jour suffit sa peine. Cela fait seulement trois à quatre ans que je m’intéresse à cette course. Il y a trois mois, je n’avais pas lu un bouquin sur elle, pas vu un film. Et pour tout vous dire, c’est la première fois que j’assiste à un départ : le mien ! Lors de la première édition, lorsque Philippe Poupon a chaviré, je me suis dit que je ne ferai jamais cette course. Que des multicoques chavirent, d’accord, mais des monos... Et puis les choses ont changé... ».
- Conrad Humphreys (Hellomoto) : « Je n’ai pas très bien dormi. Je crois que j’ai la gorge un peu serrée. Ces derniers moments à terre sont plus chargés d’émotions que je ne l’aurais imaginé. Il est temps d’y aller ».

• 15h : Vincent Riou tient tête aux favoris accompagné d’Alex Thomson

Le classement de 15 heures met en avant le jeune Anglais Alex Thomson, skipper d’Hugo Boss, l’ancien voilier de Roland Jourdain. A un peu plus de 4 milles du leader et juste devant son compatriote Mike Golding, le "chien fou" d’outre Manche tient la dragée haute des bateaux neufs et accompagne Vincent Riou en tête de course.

CG

Alex Thomsons s’affiche dès les premières heures de course.
Photo : Bernard Gergaud

- Karen Leibovici : « C’est la première fois que je prends le départ d’une course avec autant de monde derrière moi et c’est quelque chose qui me fait extrêmement plaisir. Tout va très bien à bord, je suis très heureuse d’être en mer pour cette aventure Aventure . Je suis également ravie d’avoir retrouvé du calme après l’effervecence du départ »


Lundi 8 novembre : Première nuit au portant dans le golfe de Gascogne

Première nuit passée en mer et premières moyennes après 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures de course. Autant dire tout de suite que ce Vendée Globe se conjugue d’ores et déjà à plusieurs vitesses puisque Norbert Sedlacek (Brother) compte déjà 111 milles de retard sur la tête de la course... Au classement de 16 heures, c’est Vincent Riou sur PRB qui continue de mener le bal dans la traversée de ce Golfe de Gascogne devant Alex Thomson (Hugo Boss) et Mike Golding (Ecover). Le vent est actuellement de secteur nord dominant et souffle entre 15 et 20 nœuds. L’ambiance est relativement identique pour les uns et les autres : grand gennaker (grande voile d’avant) et grand-voile haute. En résumé, les monocoques ont tout dessus et les vitesses titillent les 15 nœuds de moyenne sur les dernières 4 heures de navigation. Le Cap Finisterre sera doublé dans la nuit et logiquement les monocoques seront au large de Lisbonne demain soir. Cela va aller vite !

• Classement à 15h00 GMT

- 1. PRB Vincent Riou à 23 377,7 milles de l’arrivée (16h00 heure Paris)
- 2. Hugo Boss Alex Thomson à 4,3 milles du leader
- 3. Ecover Mike Golding à 6,9 milles

- Vincent Riou (PRB) : « Je suis sous grand gennaker et grand-voile. La nuit a été assez tranquille. Je sortais tous les quarts d’heure pour régler les voiles. Il a fait sombre en début de nuit, avec un peu de trafic. Non, ce n’est pas une nuit comme les autres, mais je vais peut-être réaliser dans quelques jours seulement ce qui m’arrive ».
- Jean-Pierre Dick (Virbac) : « C’est vrai qu’il y avait pas mal de stress au moment du départ et une grande émotion au moment de partir. J’ai eu de la pluie et le vent est monté progressivement à 20 nœuds. Je commence à avancer assez bien mais j’essaye d’être prudent et ne pas trop multiplier les manœuvres. Je sais que le vent va être pus fort dans la journée à venir. J’ai perdu un peu sur PRB car j’avais un mauvais réglage mais la course est encore longue ».
- Mike Golding (Ecover) : « C’était une nuit assez facile. J’étais un peu anxieux après mon dernier Vendée Globe. Je cherchais d’où venaient tous les bruits que j’entendais. Je n’ai dormi qu’un tout petit peu. Mais il y a avait pas mal de trafic tout autour. Je suis sous code 5 (gennaker que l’on porte à partir de 20 nœuds) grand-voile haute. Ma vitesse Vitesse #speedsailing est bonne, de l’ordre de 18 nœuds et quelquefois 20 nœuds. J’ai décidé de ne pas aller trop haut trop tôt, je préfère être prudent. Je suis très impressionné parce que tout le monde saluait tout le monde au départ. Peu importe qui tu étais... ».
- Roland Jourdain (Sill et Veolia) : « C’est une belle première nuit ! La mer est restée plate et le vent a gentiment oscillé de droite à gauche. Là, je suis sous gennaker, grand-voile haute et je glisse vers l’Espagne. J’ai juste pris une bâche en plastique dans la quille, je me suis arrêté et fais une marche arrière pour l’enlever. On sait tous que le vent va être un peu plus fort bientôt. Je ne suis pas mécontent de la situation, je n’ai pas forcé sur la machine. Je me rappelle de la première nuit d’il y a quatre ans... Le départ ? tu es sur le pont du bateau comme un couillon en voyant tout le monde qu’il y avait. C’était chaleureux et hallucinant ! »


Mardi 9 novembre : Vincent Riou maintient un rythme soutenu • Soucis pour Laurent et Dinelli

Le rythme depuis le départ est toujours aussi soutenu : 297 milles parcourus ces dernières 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures (12,4 noeuds de moyenne) pour Vincent Riou (PRB). Pour le brillant successeur de Michel Desjoyeaux, ce n’est pas la vitesse Vitesse #speedsailing qui lui a permis d’accroître son avance (19,9 milles au classement de 16 heures), mais bien les deux « petits » empannages qu’il a effectués cette nuit pour être bien en phase avec les oscillations du vent.

Hervé Laurent, le skipper d’UUDS, n’a pas caché, lors de la vacation, un sérieux problème lié à l’utilisation de son bout-dehors. La martingale est aujourd’hui détendue. Il faut donc que Laurent remette ce bout en tension pour pouvoir à nouveau envoyer les voiles d’avant. Sans cette martingale, le bout-dehors en carbone ne manquerait pas de rompre. « C’est pour cela que je navigue actuellement près de la côte. Je vais essayer de trouver un endroit calme pour pouvoir faire le singe à l’avant, explique Hervé. Sinon, il vaudrait bien mieux être au large avec les autres ».

C’est hier lundi, vers 20h17, que Raphaël (Akena Verandas) a prévenu la Direction de Course, signalant qu’il avait percuté un objet flottant dans le courant de la première nuit de course. « J’ai eu un choc sonore. Je me suis arrêté et j’ai fait une première marche arrière. J’ai cru que j’avais réussi à enlever tout ce que j’avais pu prendre dans la dérive ou dans la quille. Je suis reparti et deux ou trois heures plus tard, j’ai entendu comme un bruit bizarre en fond de coque. J’ai refait une marche arrière et là, une planche en bois est sortie de dessous le bateau. J’ai constaté une petite fuite d’eau, sans gravité, sur le puit de dérive bâbord. J’attends des conditions plus favorables pour plonger dessous le bateau ».

- Vincent Riou (PRB) : « On négocie actuellement la bordure d’un anticyclone. Au large, on a plus de pression et on va plus vite même si on se rallonge la route. Un moment il va falloir tourner, apparemment deux d’entre nous l’ont déjà fait ... »
- Karen Leibovici (Benefic) : « Cela fait du bien de n’avoir plus que le bruit du vent et de la mer. Mais je ne suis pas très clair dans ma tête. Je ne me rends pas vraiment compte de ce qui m’arrive. Pour l’instant, il n’y a pas de grosses différences avec le départ d’une transat. Cela viendra plus tard ».
- Sébastien Josse (VMI) : « On se prend au jeu Jeu #jeu et c’est vrai que je n’ai mangé que 5 ou 6 fruits et des yaourts depuis le départ. Moi, on m’avait dit que le tour du monde se faisait sous pilote automatique et bien ce n’est pas vrai ! ».
- Nick Moloney (Skandia) : « 14e, ce n’est pas la place que je prévoyais d’occuper à ce moment de la course, mais je suis là pour boucler le tour du monde. Il y a encore beaucoup de transitions à venir et j’espère que l’une d’elles va jouer en ma faveur. Je ne vais pas commencer à me torturer l’esprit alors qu’il reste encore 90 jours de course !"


Mercredi 10 novembre : 15,2 noeuds de moyenne pour Riou devant • Safrans en l’air pour Le Cam et Jourdain

Vincent Riou (PRB) tient bon les reines de ce début de course. Il a parcouru 364 milles lors des dernières 24 heures, soit 15,2 nœuds de moyenne. La vitesse moyenne depuis le départ dimanche dernier des Sables d’Olonne est de 13 nœuds. Creux de 4 à 6 mètres, vent de nord-est 30 à 35 nœuds, ciel gris. Telles ont été les conditions de navigation des dernières 24 heures. Le vent de nord-est va progressivement faiblir au fur et à mesure de la progression vers les îles Canaries. Dès cette nuit, l’île de Madère sera dans le sillage.

Testé et approuvé par Michel Desjoyeaux lors du dernier Vendée Globe, Jean Le Cam et Roland Jourdain ont adopté eux aussi des safrans relevables sur leurs montures dernier cri. Toujours plongé dans l’eau, les safrans ne sont censés remonter que lorsqu’ils subissent un choc, choc normalement assez important pour les casser. « Toute la difficulté est là, reconnaît le skipper de Sill et Veolia. Comment bien dimensionner le fusible ». En effet, si le fusible est trop fort, c’est la pelle immergée qui casse et le système mis en place ne sert à rien. A l’inverse, si le fusible (un simple axe) est trop faible, cela peut être dangereux. La preuve avec la figure libre exécutée cette nuit par Sill et Veolia en raison de son safran sous le vent qui s’est relevé suite à choc. « J’ai rapidement abattu pour ralentir le bateau mais une mauvaise vague a provoqué un départ à l’abattée. J’ai du rester près de 7 minutes à l’horizontale et, au total, il m’aura fallu une heure pour repartir en bon ordre de marche. Le matériel a tenu bon mais je dois bien dire que j’ai eu un peu peur de casser du matériel. Enfin, tout s’est bien passé et je commence à respirer plus normalement ». Cette nuit, un des safrans de Bonduelle s’est relevé également après avoir subi un choc. Pour le remettre en place et re-positionné le nouvel axe qui fait office de fusible, Jean Le Cam a du sérieusement ralentir sa monture. « Déjà, je ne suis pas parti au tas (en travers du lit du vent NDLR), c’est une bonne chose. Je me suis mis plein vent arrière, sur la panne, et là, j’ai validé la tenue des lattes de la grand-voile. Elle est passée plusieurs fois d’un bord sur l’autre et rien n’a cassé ».

- Marc Thiercelin (Pro-Form) : « Le bateau est dangereux, il plonge du nez sérieusement et je ne sais pas de quel côté il va ressortir. En plus, j’ai des soucis de grand-voile sérieux et je n’ai pas envie d’en dire plus ! Quand je pars en survitesse, à chaque fois cela se termine par un bel arrêt-buffet... Au niveau du stress, ce n’est pas terrible. Je ne sais pas trop comment cela va se passer dans le Sud. »
- Conrad Humphreys (Hellomoto) : « Cela a été une dure nuit, avec 35 nœuds de vent et des surfs à plus de 25 nœuds dans les grosses vagues. En plus, j’ai croisé beaucoup de cargos. J’ai même du demander à deux d’entre eux de s’écarter de ma route ».

• CLASSEMENT DU 10/11/04 15:00 GMT (16H00)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy

- 1 PRB VINCENT RIOU 22713,4 0,0 15,5 15,8 204
- 2 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 22730,1 16,7 15,9 16 198
- 3 HUGO BOSS ALEX THOMSON 22739,2 25,8 17,1 17,1 196
- 4 BONDUELLE JEAN LE CAM 22751,7 38,3 15,6 15,7 198
- 5 VMI SEBASTIEN JOSSE 22752,6 39,3 16,3 16,4 190
- 6 ECOVER MIKE GOLDING 22752,8 39,4 15,3 15,8 208
- 7 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 22772,0 58,7 16,3 16,7 183
- 8 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 22810,0 96,7 16,2 16,3 193
- 9 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 22812,3 98,9 7,3 14,6 256
- 10 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 22813,8 100,4 14,0 14 199
- 11 SKANDIA NICK MOLONEY 22823,7 110,3 15,4 15,4 194
- 12 PRO-FORM MARC THIERCELIN 22834,8 121,4 15,1 15,2 191
- 13 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 22848,1 134,7 14,7 14,7 191
- 14 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 22854,3 140,9 13,8 13,8 196
- 15 UUDS HERVE LAURENT 22886,0 172,6 13,2 13,3 192
- 16 ROXY ANNE LIARDET 22986,5 273,1 10,8 11,1 185
- 17 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 22988,2 274,8 10,5 10,9 183
- 18 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 22991,3 278,0 10,8 11,3 177
- 19 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 23029,1 315,7 11,3 11,5 187
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 23067,7 354,3 8 8,7 221


Jeudi 11 novembre : Vincent Riou a mis 4 jours et 3 heures pour être à la latitude de l’archipel des Canaries

Le temps de 145 heures (soit 6 jours et 01 heure à 9,2 nœuds de moyenne) établi par Yves Parlier sur Aquitaine Innovations lors de la dernière édition pour atteindre les Canaries a bien été pulvérisé par Vincent Riou (PRB). En effet, il n’aura suffit que de 4 jours et 3 heures au skipper finistérien pour couper la latitude de l’île de Palma. La pédale de frein n’a pas encore été trouvée et dix marins ont parcouru plus de 300 milles en 24 heures, la palme revenant toujours à ce même Vincent avec 387,9 milles croqués à la vitesse moyenne de 16,2 nœuds.

Madère la nuit dernière, les Canaries en milieu d’après-midi, la flotte de tête bénéficie de parfaites conditions pour avaler les milles avec un vent de 25 nœuds de nord-est tournant progressivement est. Tous essayent de mettre de l’ouest dans leur route, tous veulent garder le plus de pression dans les voiles, tous veulent suivre le rythme de métronome imposé par la flotte de tête qui commence à creuser progressivement des écarts. Six bateaux sont en moins de 100 milles, ils étaient dix hier...

Pour Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), ce sont les ennuis techniques qui sont la cause de ce retard : « J’ai cassé toutes les lattes du haut dans un empannage et j’ai également un petit souci avec mon vis de mulet (pièce articulée liant la bôme au mât). Mon retard est dû au fait que j’ai dû affaler la grand-voile par deux fois. J’ai ensuite mis du temps à remplacer la latte du haut...C’est vrai que devant cela va très vite ».

- Vincent Riou (PRB) : « Il y a un rayon de soleil sur le bateau, c’est plutôt agréable après cinq jours de gris ! Pour ce qui est du passage de Madère, cela s’est passé comme d’habitude : je suis passé très loin à environ 75 milles. J’ai senti quand même pendant 1 ou 2 heures que l’on était dans le dévent de l’île. Là, on a des conditions correctes pour aller assez vite mais cela a pas mal manœuvré cette nuit. Je suis sous trinquette et grand-voile à un ris, j’avais juste renvoyé de la toile au passage de Madère pour passer sous l’île ».
- Norbert Sedlacek (Brother) : « Tout va bien à bord... J’ai un vent de force 6 à 7 et temporairement force 8. Je barre 8/9 heures par jour et parfois plus. Il y a des grains et des grosses vagues de 3 à 4 mètres qui déferlent. Je suis satisfait de ma course... Je suis sur un vieux bateau et je ne veux surtout rien casser maintenant. Tout ce que tu casses maintenant ne t’apportera que des gros soucis une fois que tu seras dans le Sud. Et par rapport à d’autres, je n’ai pas trop d’équipements de spare (pièces de rechange), il faut que je fasse attention ! Je régaterai une fois que j’aurai passé le Cap Horn ! ».
- Anne Liardet (Roxy) : « Je suis sur des rails depuis le départ. Après le speed des deux derniers mois, je me lâche maintenant. Dès que j’ai du temps libre, je me repose au maximum. Je me suis fait baladée une fois, le bateau roule pas mal et comme le vent semble faiblir, je ne vais pas tarder à renvoyer de la toile. Je ne m’énerve pas. Il reste encore 3 mois de course ».


Vendredi 12 novembre : 1600 milles en 5 jours à 13,3 nœuds de moyenne • Vincent Riou est suivi de Jean Le Cam et Alex Thomson

Fin des surfs et du stress lié aux hautes vitesses. Depuis ce matin, la tête de flotte entre dans la dorsale anticyclonique avec un vent d’est-nord-est mollissant au fur et à mesure de sa progression vers le sud. Les skippers abordent ce nouveau rythme le couteau entre les dents, à l’image de Vincent Riou (PRB), toujours solide leader. Comme ses adversaires directs, Vincent n’a pas voulu lâcher le moindre renseignement sur la force et la direction du vent, tout comme il n’a pas souhaité s’étendre sur la voilure qui le propulse encore à 10/12 noeuds de moyenne. La bonne opération du jour est à mettre au profit de Jean Le Cam (Bonduelle) et de l’anglais Alex Thomson (Hugo Boss). Tous deux ont adopté la même trajectoire que celle empruntée par le leader. Plus décalés dans l’ouest, Roland Jourdain (Sill et Veolia) et Mike Golding (Ecover) n’ont pu que les regarder passer.

En 24 heures, Jean Le Cam (Bonduelle) a repris la bagatelle de 60 milles à Vincent Riou (PRB). « J’en avais marre qu’il aille plus vite que moi, rigole Jean. Non, si j’ai remonté cette distance, c’est tout simplement que cela cale devant, comme prévu. Cela ne peut pas se faire sur de la vitesse pure ». A défaut de soleil, la température grimpe cependant dans les cockpits. Le leader de la flotte s’attend à deux jours de sport. « Nous avons des nuages, des grains et dans le petit temps, on manœuvre beaucoup plus. En tous cas, c’est certain, on a changé de régime ».

Le dilemme du Jojo à bord de VMI...
Photo : Seb Josse / VMI

- Patrice Carpentier (VM Matériaux) :« Je n’ai pas encore eu le temps de contempler la mer comme j’aime, bien installé dans mon cockpit. Pour l’instant, je suis toujours à la découverte de mon bateau. Je suis toujours partagé entre le fait d’aller vite et pas assez vite. Deux ou trois degrés en cap engendrent parfois de grandes différences de vitesse. Je tâtonne toujours ».
- Mike Golding (Ecover) : « J’ai passé la nuit à éviter les grains. Je me suis fait prendre par l’un d’eux. Il y avait de grosses variations de vent et j’ai été stoppé pas mal de temps. Là, je marche à 17/18 nœuds et le vent souffle entre 12 et 20 nœuds, une force qui n’est pas très explicable. Je m’attendais à moins ».


Samedi 13 novembre : Jean Le Cam passe Vincent Riou en tête de course à 180 milles des îles du Cap Vert

Jean Le Cam (Bonduelle) vient de hisser son nouveau bateau à la première place alors que les îles du Cap Vert pointent à l’horizon, à moins de 180 milles de son étrave. L’avance de Jean Le Cam est encore infime, 1,6 milles, sur l’ancien leader Vincent Riou (PRB). En choisissant une route plus Est, Jean Le Cam joue la carte de la vitesse dans un flux faible d’est à sud-est. A l’inverse, ses plus proches poursuivants au classement ont adopté une stratégie différente. Tous cherchent à gagner dans l’Ouest. Une option pour l’instant guère payante. Vincent Riou (PRB), Sébastien Josse (VMI), Alex Thomson (Hugo Boss), Roland Jourdain (Sill et Veolia) et enfin Mike Golding (Ecover) vont deux à trois nœuds moins vite que le nouveau leader. Qui aura raison, sachant que tous en ont en ligne de mire le passage du Pot au Noir, qui n’est plus distant que de 800 à 900 milles.

Seb Josse à bord de VMI passe au vent d’Alex Thomson sur Hugo Boss
Photo Seb Josse / VMI

- Vincent Riou (PRB) : "J’ai eu un début de nuit difficile car j’ai été quasiment arrêté pendant deux ou trois heures. Cela a permis à mes poursuivants de revenir et à Jean Le Cam de se décaler dans l’Est. Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit, ce ne sont pas des conditions idéales pour le repos ».
- Jean Le Cam (Bonduelle) : « Je n’avais jamais aussi bien dormi. J’ai du dormir au moins 6 heures cette nuit, par tranches de 1h30. Les cinq premiers jours, je n’avais pas dormi beaucoup. On a du mal à prendre son rythme, on observe tout le temps les réactions du bateau et t’arrives pas à dormir ».
- Sébastien Josse (VMI) : « Il y a une bonne étoile qui me suit depuis le départ. J’ai de la réussite, de la réussite et hop, je touche du bois. Si je n’étais pas content de ma position, faudrait que je m’achète un fouet ».

• CLASSEMENT DU 13/11/04 15:00 GMT (16H00 PARIS)

Rg Nom Skipper Dist Arr Ecart Vmg Vit moy Cap moy
- 1 BONDUELLE JEAN LE CAM 21779,3 0,0 11,1 11,4 176
- 2 PRB VINCENT RIOU 21780,8 1,6 8,7 8,9 201
- 3 VMI SEBASTIEN JOSSE 21803,8 24,5 7,4 7,6 200
- 4 HUGO BOSS ALEX THOMSON 21806,2 27,0 6,4 6,9 210
- 5 SILL ET VEOLIA ROLAND JOURDAIN 21829,2 49,9 4,7 4,7 194
- 6 ECOVER MIKE GOLDING 21855,5 76,3 8,4 8,5 175
- 7 SKANDIA NICK MOLONEY 21932,1 152,8 11,7 11,8 186
- 8 VM MATERIAUX PATRICE CARPENTIER 21934,6 155,3 11,7 11,8 196
- 9 VIRBAC-PAPREC JEAN-PIERRE DICK 21959,0 179,7 12,0 12,4 205
- 10 TEMENOS DOMINIQUE WAVRE 21959,7 180,4 12,5 13,6 212
- 11 ARCELOR DUNKERQUE JOE SEETEN 21976,1 196,8 11,6 11,6 187
- 12 PRO-FORM MARC THIERCELIN 22026,8 247,5 8,6 10,1 223
- 13 HELLOMOTO CONRAD HUMPHREYS 22030,0 250,7 11,6 12,2 214
- 14 UUDS HERVE LAURENT 22049,8 270,5 11,0 11,2 201
- 15 OCEAN PLANET BRUCE SCHAWB 22086,2 306,9 10,9 11,4 214
- 16 ROXY ANNE LIARDET 22236,2 457,0 10,7 11 210
- 17 MAX HAVELAAR BEST WESTERN BENOIT PARNAUDEAU 22259,9 480,6 10,3 11 214
- 18 AKENA VERANDAS RAPHAEL DINELLI 22262,4 483,2 11,5 12,1 209
- 19 BENEFIC KAREN LEIBOVICI 22296,1 516,8 11,4 11,6 201
- 20 BROTHER NORBERT SEDLACEK 22437,2 657,9 7,5 9,6 240


Dimanche 14 novembre : Le Cam décroche ses poursuivants au Cap Vert

Alors que va se conclure à 13h02 ce midi la première semaine de course, un nouveau podium composé de Jean Le Cam (Bonduelle), Sébastien Josse (VMI) et Vincent Riou (PRB). 

Jean le Cam (Bonduelle), nouveau leader depuis hier après-midi, croise actuellement à l’est des îles du Cap Vert. Cette option et ce passage entre les îles et la côte du Sénégal lui ont permis d’accroître régulièrement son avance. Au classement de ce matin 5 heures, le skipper de Bonduelle possède 47, 2 milles sur Sébastien Josse (VMI) qui vient de coiffer, pour 1 milles, le PRB de Vincent Riou, désormais troisième. Le grand perdant de la nuit se nomme Mike Golding (Ecover). L’Anglais, un des grands favoris au départ de cette cinquième édition du Vendée Globe, compte 135,2 milles de retard. Sa sixième place est aujourd’hui sérieusement menacée par l’Australien Nick Moloney (Skandia) qui évolue sur une trajectoire proche de celle empruntée par le « Roi Jean ».



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