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The Transat

Michel Desjoyeaux s’impose à Boston dans la Transat Anglaise

8 jours 8 heures 29 minutes et 55 secondes de Plymouth à Boston

mardi 8 juin 2004Information The Transat, Redaction SSS [Source RP]

C’est à 21h29 TU ce mardi 8 juin 2004 que Michel Desjoyeaux a remporté la 12e édition de The Transat The Transat #thetransat #ostar , créée sous le nom d’Ostar en 1960, après 8 jours 8 heures 29 minutes et 55 secondes - soit une moyenne de 13.61 noeuds pour parcourir les 2800 milles qui séparent Plymouth (GB) de Boston (USA).

Géant au départ de The Transat le 31 mai dernier
Photo : B.Stichelbaut / Effets Mer

En tête au passage du phare d’Eddystone, 8 milles après le départ, Michel Desjoyeaux est toujours resté dans le groupe de leaders du début à la fin grâce à son option nord dans la traversée de l’Atlantique.

Michel Desjoyeaux (Géant), vainqueur en multicoque 60 pieds : « Là, pendant huit jours en solitaire, je n’ai pas fait le malin, mais je me suis amusé. Je trouve qu’on a plutôt été bien servi par la météo. Les phénomènes météo se sont très bien enchaînés. C’est un facteur de gain de temps énorme. C’est toute la problématique d’un record Record #sailingrecord , c’est d’enchaîner les situations météo favorables. »

Thomas Coville (Sodebo), en vacation multiplex avec Michel Desjoyeaux quelques heures avant l’arrivée : « Moi, je voulais te remercier Michel pour la bagarre qu’on s’est faite, et la leçon que tu m’as donnée. J’ai pris un plaisir terrible à essayer de jouer avec toi. Merci, merci. Encore mille fois bravo. Tu mérites largement de gagner. »

Info The Transat The Transat #thetransat #ostar


Quarante ans après la première victoire d’Eric Tabarly, l’une de ses références, Michel Desjoyeaux remporte, à bord de Géant, la 12e édition de la Transat Anglaise (The Transat The Transat #thetransat #ostar ) à 23 heures 29 minutes et 55 secondes HF (soit 17 heures 29 minutes et 55 secondes à Boston). Après 8 jours 8 heures 29 minutes et 55 secondes de mer, il pulvérise le record Record #sailingrecord de Francis Joyon (établi sur le parcours Plymouth-Newport en 9 jours 23 heures et 21 min). Il établit également une performance historique en remportant « la mère de toutes les transats » après avoir fait de même dans la Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire , le Vendée Globe et la Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum .

Jusqu’au bout, comme prévu, la régate aura été acharnée. La faute à une météo confuse au large de Boston. Mais une victoire dans The Transat se mérite ! Si elle se construit dans les coups de vent successifs de l’Atlantique Nord, dans le froid et la brume au large de Terre Neuve, elle peut se perdre dans ce final souvent piégeux qui caractérise l’approche des côtes américaines et a ruiné les espoirs de plus d’un vainqueur potentiel. Malgré de redoutables clients « aux basques » et une dernière zone de calme particulièrement éprouvante, Michel aura résisté jusqu’au bout et signé ce qu’il faut bien appeler l’un de ses chefs d’ouvre. Depuis le déboulé initial vers le phare d’Eddystone, première marque du parcours, puis le passage en tête devant le Cap Lizard, Géant n’aura cédé le commandement que l’espace de 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures en Mer d’Irlande. Ensuite, avec l’aide ô combien efficace de son routeur Jean-Yves Bernot, Michel aura parfaitement négocié la succession de dépressions et de dorsales, sorte de slalom Géant sur l’Atlantique.

Il y a dix huit mois, le plan Van Peteghem / Lauriot Prévost prenait le départ de sa première course et la remportait. Il avait alors fallu tenir dans une Route du Rhum Route du Rhum #RouteDuRhum des plus difficiles. C’est son sens marin - il lui avait notamment dicté de s’arrêter à Madère - qui lui avait permis de rallier la Guadeloupe en vainqueur. Cette fois, à bord d’un trimaran parfaitement fiabilisé et préparé, (on ne dira jamais assez l’efficacité et le professionnalisme de son écurie de course, Mer Agitée), c’est le compétiteur qui a pu parler. Et de quel ton ! Il aura donné le « la » à cette transat comme il le donne depuis 1998, année de sa deuxième victoire dans la Solitaire du Figaro Solitaire du Figaro #LaSolitaire , dans toutes les courses qu’il a abordé pourtant pour la première fois. Est-il besoin de rappeler le grand chelem qu’il vient d’accomplir en remportant successivement la Solitaire du Figaro, le Vendée Globe, La Route du Rhum et The Transat ? Des phénomènes uniques ont dit qu’ils sont historiques. Celui-là l’est incontestablement et pourrait bien le rester longtemps. Que faire quand on a (presque) tout gagné en solitaire ? « Recommencer » répondra le régatier. Et tant que la passion l’habitera nul doute que régatier Michel sera. Chapeau bas !

THE TRANSAT AU JOUR LE JOUR

Lundi 31 mai : Il est 14h à Plymouth, 15h à Paris, lorsque les solitaires de The Transat s’élancent. Le départ est donné sous une pluie battante et dans une mer particulièrement formée. Le vent de secteur Sud Est souffle à 20 nouds en rade de Plymouth. Premier à laisser le Phare d’Eddystone à tribord, Michel Desjoyeaux vire également en tête le Cap Lizard, à la pointe Sud Ouest de l’Angleterre.

Mardi 1er juin : Une première nuit tout à fait maniable mais fatigante pour les 12 skippers de multicoques. Les nombreuses bascules de vent et les variations en force ont, en effet, obligé les solitaires à multiplier les manouvres cette nuit. Au pointage de 6h00 TU, c’est l’italien Giovanni Soldini qui prend les commandes. Les trois bateaux de tête, dont Géant, se tiennent en deux petits milles. A la mi-journée, les conditions changent légèrement avec l’arrivée des trimarans dans une dorsale anticyclonique. Sur Gitana X, Marc Guillemot abandonne suite à la casse de sa dérive.

Mercredi 2 juin : Premier passage à niveau : une dorsale anticyclonique a permis à Michel Desjoyeaux, en tête, et Thomas Coville de fausser compagnie à leurs camarades. Les quelques milles gagnés par Michel sur son poursuivant se révéleront essentiels. Leur plus proche adversaire, Groupama, étant au premier pointage du jour relégué à 36 milles derrière. Dans la journée, Géant affiche des vitesses moyennes de plus de 24 nouds pendant une heure, ce qui lui permet d’accentuer son avance. Ce deuxième jour de course voit de nombreux bateaux heurter des OFNI, objets flottants non identifiés, mais fort heureusement sans conséquence irréversible. C’est le cas de Banque Covefi, Groupama, Médiatis Région Aquitaine et Sergio Tacchini.

Jeudi 3 juin : Les trimarans de tête, emmenés par Géant, naviguent dans les alentours du 53 ° Nord. Rien d’étonnant donc qu’à cette latitude, l’ambiance ne soit devenue brumeuse et quelque peu fraîche ! Peu de changement au classement. Depuis le départ, Michel Desjoyeaux impose la cadence, seul Thomas Coville parvient à la tenir. Cette nuit, la flotte devra affronter la première dépression sérieuse de la course. Les fichiers annoncent 35 nouds et une mer croisée et chaotique. Les prévisions sont largement vérifiées.

Vendredi 4 juin : 44 nouds de vent et des creux de 5-6 mètres, la dépression était bien au rendez-vous cette nuit ! Ce matin, quelques heures avant l’entame du 4e jour de mer, Michel Desjoyeaux a parcouru 1400 milles, soit la moitié du parcours, et sort progressivement de ce système perturbé. Toujours en tête, Mich Desj a profité de ce deuxième passage à niveau pour distancer un peu plus ses poursuivants. Thomas Coville perd sa seconde place au profit de Lalou Roucayrol à bord de Banque Populaire. Fred Le Peutrec sur Gitana XI et Alain Gautier à bord de Foncia déplorent quelques avaries suite au coup de tabac de la nuit.

Samedi 5 juin : Au large, au sud-est de Terre-Neuve, le groupe de tête longe ce que les Anglais ont surnommé Ice Box traduit par Jean-Yves Bernot en Bac à glace. Il s’agit d’une zone située à l’Est de l’île française et dans laquelle viennent s’accumuler les icebergs. Leur route optimum les y conduisait mais les skippers ont décidé de se fixer un point par 47° Nord et 47° Ouest à laisser à tribord. Ils ont déjà fort à faire avec les dépressions qui se succèdent. Le scénario ne change pas : vent de sud-ouest donc bord au près bâbord amure bascule au nord ouest qui impose de virer et de continuer, toujours au près, tribord amure. Le tout dans une mer de plus en plus cassante et confuse. La journée est difficile pour Sodebo qui heurte une baleine, sans conséquence grave heureusement, et surtout Banque Populaire qui voit sa grand-voile se déchirer horizontalement au niveau du 2e ris. Roucayrol est 2e mais va dès lors rétrograder.

Dimanche 6 juin : A 1000 milles de l’arrivée Michel, de sa position nord, a croisé la flotte pour se positionner le plus au sud. Il ferme ainsi la porte à ses poursuivants. Thomas est à 70 milles, Franck à 140. La régate finale commence.

Lundi 7 juin : Le système météo est déréglé. Prévu dans l’axe de Géant, la petite dépression annoncée passe dans son sud. Rien d’inquiétant mais de quoi perturber la fin de course. Bernot traduit : « il y a encore des grumeaux dans la soupe ».

Mardi 8 juin : Le matin, la dorsale ralentit Géant. Sodebo revient à moins de 30 milles. Le soleil de retour, Michel ne s’inquiète pas car il sait que l’accordéon va se détendre. Gagné : au début de l’après-midi son dauphin est de nouveau à 60 milles derrière. L’après-midi, à 80 milles de l’arrivée, un thalweg joue à son tour les trouble fêtes. A terre, les doigts des proches de Michel n’ont plus d’ongles car Géant se traîne et Sodebo remonte à 25 milles ! Paradoxalement Michel est regonflé à bloc. Commentaire « off » : « c’est de la régate j’adore ! ». Il va adorer jusqu’au bout.

Info Effets Mer


PORTRAIT

Né le 16 juillet 1965 à Concarneau (Finistère), le skipper de Géant possède désormais le plus beau palmarès jamais établi en solitaire au large : deux victoires à la Solitaire du Figaro (1992 et 1998), un Vendée Globe (2000), une Route du Rhum (2002) et maintenant The Transat (2004). Aucun skipper n’a égalé cette performance auparavant surtout si on y ajoute (entre autres), une victoire en double dès 1990 avec Jean Maurel lors de la transat en double et l’arrivée en vainqueur de la deuxième étape de la Mini Transat 1991. Chapeau bas !

Petit dernier d’une famille de sept enfants, « Mich’ Dej » tourne son avenir très jeune vers le large. Avec un père fondateur de la célèbre école de voile des Glénans et responsable d’un chantier d’entretien des bateaux de plaisance, les Desjoyeaux acquièrent très tôt le plaisir de naviguer. Sur l’eau, Michel Desjoyeaux tire ses premiers bords avec sa famille et le copain avec lequel il use ses fonds de cirés sur les ponts : Jean Le Cam. A 18 ans, il embarque sur le Pen-Duick VI d’Eric Tabarly pour suivre la Solitaire du Figaro. L’équipier gagne la confiance du capitaine qui le retient pour la Course autour du Monde en équipage (1985-1986). Les courses et les expériences s’enchaînent et Michel Dejoyeaux embarque sur tout ce qui navigue. Il participe au Tour de l’Europe, à la transat en double, il régate en Formule 40, s’engage sur le Tour de France à la Voile. En 1991, il court la Mini-Transat et innove en équipant son 6,50 mètres de la première quille pendulaire : l’appendice fait des émules et on le retrouve aujourd’hui sur les 50 et 60 pieds monocoque. En 1993, il rejoint Alain Thébault sur l’Hydroptère, un engin futuriste destiné à « voler sur l’eau ». Michel est partout. Avec Jean le Cam, il est surtout dès 1990, l’un des piliers du centre d’entraînement de Port-La Forêt, pépinière de vainqueurs et de solitaires experts en Figaro. Mich’ trouve alors un circuit à la hauteur de ses ambitions.

Double Champion de France Solitaire (1996 et 1998) et double vainqueur à la Solitaire du Figaro (1992 et 1998), il rejoint Alain Gautier en 1999 sur Brocéliande et se concentre sur la construction de PRB, avec lequel il gagne le Vendée Globe 2000-2001. Puis il retrouve le Championnat Orma aux côtés de Jean-Luc Nélias (Belgacom) avec lequel il termine la Transat Jacques Vabre 2001 à la cinquième place.

Michel Desjoyeaux et son équipe ont grandement participé à la conception de Géant qui reprend un certain nombre d’éléments d’autres trimarans. Malgré un arrêt technique à Madère, il remporte la Route du Rhum 2002 puis se consacre à préparer les Grands Prix 2003 : toujours novateur, il imagine un safran à ailettes pour régler l’assiette de son bateau selon la vitesse. Régulier aux avant-postes, il s’empare pour la deuxième année consécutive de la place de dauphin dans le Championnat du Monde des Multicoques 2003. Encore optimisé cet hiver, Géant reste l’un des trimarans les plus rapides au portant, mais Michel vient de prouver aussi qu’il était aussi à l’aise contre le vent...

PALMARÈS NAUTIQUE

- The Transat 2004 : 1er sur Géant
- Transat Jacques Vabre 2003 : 4e sur Géant
- Solitaire du Figaro 2003 : 3e sur Géant
- Challenge Mondial Assistance : 4e sur Géant
- Route du Rhum 2002 : 1er sur Géant
- Transat Jacques Vabre 2001 : 5e avec Jean-Luc Nélias sur Belgacom 32
- Championnat Orma 2001 : 3e avec Jean-Luc Nélias, navigateur sur Belgacom
- Vendée Globe 2000-2001 : 1er sur PRB
- Europe1 New Man Star 2000 : 7e sur PRB
- Championnat Orma 1999 : 4e avec Alain Gautier, navigateur sur Brocéliande
- Tour de Bretagne 1999 : 2e avec Sidney Gavignet sur TBS
- Transat AG2R 1998 : 8e avec Franck Cammas sur Groupama
- Solitaire du Figaro 1998 : 1er sur TBS
- Championnat de France Solitaire Habitable1998 : 1er sur TBS
- Solitaire du Figaro 1997 : 5e sur TBS
- Championnat de France Solitaire Habitable 1997 : 2e sur TBS
- Tour de Bretagne 1997 : 1er avec Marcus Hutchinson sur Sill Plein Fruit
- Transat AG2R 1996 : 4e avec Roland Jourdain sur Sill Plein Fruit
- Championnat de France Solitaire habitable 1996 : 1er sur TBS
- Solitaire du Figaro1996 : 2e sur TBS
- Solitaire du Figaro 1992 : 1er sur Groupe Coupechoux Design
- Transat AG2R 1992 : 1er avec Jacques Caraës sur Sill Plein Fruit
- Mini Transat 1991 : 1er de la seconde étape sur Fouesnant-Baie de La Forêt

- Solitaire du Figaro 1991 : 2e sur Skipper Elf
- Solitaire du Figaro 1990 : 4e sur Skipper Elf
- Twostar 1990 : 1er avec Jean Maurel sur Elf Aquitaine III



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