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Expédition Arktos

Mike Horn en a fini de la traversée du continent nord américain

Il s’attaque désormais à la traversée de la Sibérie

mercredi 24 décembre 2003Redaction SSS [Source RP]

Parti à l’assaut du tour du monde par le cercle polaire arctique il y a 18 mois, l’aventurier Mike Horn en a fini de la traversée du continent nord américain. Depuis deux jours, il s’attaque à la traversée de la Sibérie où les jours sont courts et le froid mordant. Retour sur une aventure Aventure extraordinaire. Seul homme à avoir jamais réalisé le tour du monde par l’équateur à la voile, à pied et en vélo en 18 mois et à avoir par la même occasion traversé la forêt amazonienne, Mike Horn s’est lancé un nouveau défi il y a tout juste deux ans : faire le tour du monde par le cercle polaire arctique.

L’échauffement

Afin de découvrir le froid, le Sud-africain, désormais basé en Suisse, décide de s’échauffer, en février 2002, en traversant le pôle Nord de la Sibérie à l’Alaska. Tirant seul son traîneau de 185 kg (sac de couchage, tente, réchaud, vêtements de rechange et nourriture), Mike Horn quitte ses proches au cap Arktischevski le 26 février. Son objectif est alors d’atteindre le pôle Nord puis l’Alaska dans un temps proche de celui établi par Borge Ousland en 82 jours pour parcourir les 1.800 km.

Faisant face à des vents violents, à une banquise rendue instable par un froid trop peu rigoureux et à des ours curieux, Mike progresse malgré tout à bonne allure jusqu’au jour où il quitte ses gants pour refaire le lacet de l’une de ses chaussures. A cet instant, l’aventurier ne mesure pas son erreur : quand il s’arrête, il transpire et la température extérieure est de - 50°. En moins de 30 secondes, ses mains gèlent ainsi que l’intérieur de ses gants. Et jamais, malgré tous les stratagèmes utilisés, il ne parviendra à se réchauffer.

En contact téléphonique quotidien avec sa femme Cathy, il fait part de ses doigts qui changent de couleur et de son impossibilité à rétablir la circulation sanguine. Assisté téléphoniquement par des spécialistes des gelures contactés par Groupama Assistance qui lui conseillent de se faire rapatrier, Mike refuse d’abandonner. Ce mot est banni de son vocabulaire. Jamais il n’a connu l’échec tant dans son tour du monde par l’équateur que lors de sa descente de l’Amazone.

Les doigts gelés

Durant une dizaine de jours, il persiste à progresser vers un pôle qui n’a jamais été aussi proche et dans des conditions météo qui sont enfin favorables. Pourtant, le 9 avril, après 43 jours de marche, Mike accepte d’être rapatrié par Groupama Assistance qui dépêche un hélicoptère russe sur place puis un avion afin de le faire soigner par le docteur Cauchy à l’hôpital de Chamonix. Légèrement amputé de trois doigts, Mike retrouve auprès de Cathy et de leurs deux filles, Annika et Jessica, le réconfort qu’il faut pour digérer le premier échec de sa vie d’aventurier.

Nouveau départ

La période d’échauffement étant terminée, Mike prépare donc activement le tour du monde par le cercle polaire arctique. Toujours soutenu par ses partenaires au rang desquels figure Andaska et Groupama Assistance pour la France, Mike profite du printemps pour préparer le monocoque de 14 mètres à bord duquel il débutera son périple au Cap Nord.

Et c’est le 4 août 2002 qu’il quitte à nouveau les siens pour un tour du monde qui devrait durer 18 mois environ.

La première escale est le port d’Angmagssalik, sur la côte Est du Groenland, atteinte après 13 jours de mer. Laissant son monocoque à son équipe d’assistance, Mike entame la traversée de l’île qui culmine à plus de 3000 mètres pour 700 km de large. Traversant des crevasses profondes et larges, progressant à ski dans une neige Neige #snow rendue molle et collante par la pluie, l’aventurier se sent malgré tout en pleine forme. 15 jours et 20 heures après son départ, Mike atteint Illulisat, parfois tracté par son kite surf Surf #Surf mais toujours avec son lourd traîneau. Jamais avant lui le Groenland n’a été traversé aussi vite. Après huit jours de repos, il reprend son bateau et met le cap sur Victoria Island dans les territoires du Nord-Ouest canadien.

Bloqué par les glaces, il perd six mois.

Si la traversée se passe sans encombre malgré de forts vents et des icebergs qui sont nombreux à dériver. Les heures de sommeil sont rares, au contraire de celles passées à la barre. A cet instant, Mike ne se doute pas que la météo lui prépare un fort mauvais coup. Car quelques jours plus tard, et alors qu’il n’est plus qu’à 600 milles de Cambridge Bay, le détroit de Bellot rejoignant l’île Regent est pris par les glaces. Mike n’a d’autre solution que d’hiverner son bateau à Nanisivik.

Une fois paré à reprendre sa route à pied et à ski en tirant toujours son traîneau, Mike est cette fois bloqué sur place pendant 24 jours par une météo calamiteuse et un vent de furie qui broie les glaces, lui interdisant par la même de couper au plus court le long du 72° Nord. Il va donc falloir longer les côtes et rallonger très sérieusement la route. Au total Mike aura mis 6 mois à parcourir à pied ce qui aurait pris cinq jours en bateau. La note est lourde mais l’homme suffisamment fort mentalement pour tenir le coup.

Dans une région où la nuit dure 20 heures, Mike ne baisse pas les bras. Ne parcourant parfois que 5 km par jour, il progresse néanmoins vers le but, encore distant de quelques 16.000 km pour 4.700 de parcourus depuis le départ du Cap Nord cinq mois plus tôt. Et ce n’est pas l’incendie de sa tente le 10 janvier lors du changement d’une bouteille de gaz ni des blocs de glace de sept à huit mètres de hauteur qui l’arrêteront. Non, décidément, rien n’arrête Mike.

Jamais battu

Rencontré lors de l’une de ses rares escales à Gjoa Haven chez les Inuits, Mike est plus déterminé que jamais : « On ne peut pas imaginer quelle vision extraordinaire c’est de voir les lumières d’un village après des jours et des jours de marche acharnée dans des vents contraires et par -50° ». Malgré son nez et ses lèvres gelées, Mike n’a d’autre obsession que de poursuivre sa route. En quatre jours, il est à nouveau prêt. Skis aux pieds, tirant toujours son traîneau qui pèse désormais près de 200 kg car les escales sont plus espacées, il reprend sa marche, cap à l’Ouest vers le détroit de Béring qui marquera l’entrée en Sibérie.

Profitant des jours qui rallongent et du terrain qui permet d’alterner marche et kayak, Mike se rapproche rapidement du but. Le jour de son 36° anniversaire, il se demande ce qu’il va s’offrir. Après avoir imaginé une journée off, il opte finalement pour un challenge qui lui ressemble davantage : parcourir 36 kilomètres en 24 heures 24 heures Record de distance parcourue sur 24 heures . Aussitôt dit, aussitôt fait. Sacré Mike !!!

Tempête à Béring

C’est enfin le 21 août que Mike attaque la traversée du détroit de Béring au départ de Point Hope à bord de son trimaran de 24 pieds (7,2 mètres). A vue des côtes sibériennes, Mike apprend que son frère Martin et Ronan Le Goff qui doivent récupérer son bateau sont toujours bloqués côté Alaska. Ni une, ni deux, il fait demi-tour vers Point Hope, embarque les deux gaillards et mettent le cap vers Provedenyia dans des conditions dantesques : « Nous avons failli chavirer trois fois dont une alors que nous étions à sec de toile dans une mer très grosse et des creux de 8 mètres de haut » nous confiait Ronan Le Goff (2 tours du monde en course…) à son retour.

Un visa qui se fait attendre

Contraint d’attendre pendant deux mois et demi l’autorisation des russes pour traverser la Sibérie, Mike ne peut profiter des bonnes conditions météo pour progresser rapidement. Il prend son mal en patience et reconstitue ses réserves de graisse. Accompagné de deux motos-neige Neige #snow , il reprend enfin sa route le 21 décembre au travers de la Sibérie a raison de 25 à 30 km par jour : « Au bout de deux jours, la seconde escorte a décidé qu’elle devait faire une escale dans un village afin de trouver un réchaud de secours. On ne l’a plus revue depuis. Par contre, mon escorte attitrée, Nicolay, est super et je suis confiant. Il devrait pouvoir atteindre Pevek. Sa moto-neige étant lourde, il doit souvent faire deux voyages pour transporter son matériel du point A au point B. Durant la journée, je ne le vois pas car nous n’avançons pas au même rythme. Nous-nous retrouvons le soir pour dîner sous la tente. Ca me fait bizarre d’avoir de la compagnie mais ça fonctionne bien malgré les vents violents et les températures qui sont très basses. Et, en plus, il fait nuit noire donc la progression est difficile. Mais je suis heureux car maintenant, les jours vont commencer à s’allonger » nous disait Mike hier au cours d’une discrète liaison (il n’a légalement pas le droit d’utiliser son téléphone par satellite. Il ne le fait donc que lorsqu’il est seul…).

Alors, courage Mike car il te reste encore plus de 8.000 km à parcourir jusqu’au Cap Nord (en ligne droite). Autant dire que la route est encore longue mais à la mesure d’un homme qui fait chaque jour sienne la maxime : « What you dream you can do !!! ».

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