Créaline franchit la ligne d’arrivée en milieu de nuit. Peu importe le classement de l’étape, seul compte le retard de Foncia…

Photo : Ch.Guigueno / Pipof.com/voile

4^e étape - Péan gagnant… 20 ans après !

Dingue cette étape partie de Dingle en Irlande aux rebondissements et aux regroupements incessants, qui offre un dénouement de folie dans la nuit nazairienne ! On n’ose plus d’ailleurs compter le nombre de skippers qui ont emmené la flotte au fil des 500 milles du parcours. Mais voilà, c’est hier, sur les coups de 17 heures, que Lionel Péan s’est échappé, après avoir attrapé la brise thermique dans ses voiles, le long des côtes bretonnes. Ce grand ancien, de retour sur La Solitaire, emmène alors un petit groupe vers la ligne de la délivrance à l’issue d’une étape ponctuée par les sautes d’humeur du vent. Au final, Péan a pris les devants au nez et à l’étrave de la jeune garde. A 46 ans, le vainqueur de la Whithbread 1985-86 remporte ainsi sa 8^e Solitaire, une course qu’il a déjà gagnée en 1983 avec trois victoires d’étape à la clé. Erwan Tabarly (Thales) et Romain Attanasio (Port Trébeurden) complètent le podium. 3’48’’ secondes séparent ces trois premiers à l’issue de cette « der » qui restera dans les annales pour avoir offert des vainqueurs venus tous horizons et pour avoir surtout eu tant de mal à départager les deux premiers au classement général.

Lionel Péan (Nouvel Observateur) : « Je suis un homme heureux ! C’est vrai que j’ai démarré tard et j’en ai pas mal bavé au début. Mais petit à petit, j’ai compris comment ça fonctionnait. Déjà sur la 3^e étape j’étais bien dans le coup. Pour cette dernière, j’ai joué le match. Il y a une opportunité, je l’ai saisie et roule ma poule ! Ca fait onze ans que je n’étais pas venu sur La Solitaire. Le fait que je me dérouille plutôt vite, ça va m’encourager à revenir en me préparant bien »

Classement général - Le Cléach’… à l’arrache pour 13 secondes !

Du jamais vu ! Jamais en effet, depuis 34 ans que ça dure, un écart aussi infime sépare deux skippers à l’issue de La Solitaire. 13 secondes après quatre étapes et 1820 milles parcourus (4000 Km), entre golfe de Gascogne, Manche et Mer Celtique : autant dire rien… mais tant à la fois pour en finir avec cette édition pas comme les autres, marquée par le petit temps persistant ! Il a donc fallu que le temps s’arrête et suspende son cours dans la nuit nazairienne pour départager les deux solitaires à la lutte pour tous les honneurs. Armel Le Cléac’h et Alain Gautier terminent respectivement 14^e et 17^e après avoir mené tour à tour cette étape de tous les enjeux ? Au départ en Irlande, 19 minutes les séparent au classement général et on devine d’ores et déjà que ce sera serré entre ces deux solitaires toujours présents aux meilleures places. Serré, c’est peu dire… 13 secondes après 327h08’17’’ de régate acharnée, voilà qui restera ancrée longtemps dans toutes les mémoires et propulse résolument Armel - du haut de ses 26 ans - au rang des plus grands talents de la voile française.

 Armel Le Cléac’h (Créaline) : " C’était vraiment très stressant cette arrivée. Je savais que c’était très serré avec Alain. Une fois la ligne franchie, j’attendais l’heure fatidique et plus ça allait, plus c’était long ! Je n’avais pas pris avec moi le temps exact pour ne pas me mettre la pression et c’est Michel Desjoyeaux qui m’a appris par la VHF que j’avais effectivement gagné avec 13 secondes d’avance. 13 secondes… C’est vraiment rien ! Tout juste un virement de bord à la fin… après 4 étapes, c’est vraiment infime ! Alain méritait cette victoire autant que moi parce qu’on s’est battu tous les deux à fond. Forcément, je partage cette victoire avec lui. On m’aurait dit que je remporterais la Solitaire il y a un mois, j’aurais tout de suite signé. C’est vraiment énorme. La Solitaire c’est une course difficile, il faut avoir un peu de réussite pour la gagner et j’en ai eu jusqu’à la fin. C’est un rêve qui se réalise… »

 Alain Gautier (Foncia) : "J’ai essayé d’aller le plus vite possible pour que l’écart soit le plus faible mais du coup, je n’ai pas bien navigué… et je me fais avoir ! C’est dommage de finir une dernière étape comme ça, parce que j’ai été dans le match tout le temps et la sur la dernière journée je fais une petite erreur… ça me coûte cher ! J’ai voulu naviguer comme je l’ai fait durant toute la course, en pensant à ce qui était bon pour le résultat. Mais je n’ai pas assez pris en compte Armel. Mais bon, c’est comme ça... C’est peut-être la fatigue, je n’ai pas assez dormi mais c’était difficile avec le vent instable."