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Route du Rhum

Loïck Peyron a déclenché sa balise de détresse

Le skipper de Fujifilm attend les secours dans la coque centrale

mercredi 13 novembre 2002Redaction SSS [Source RP]

Ayant appelé lui-même le PC course ce soir à 18h11, Loïck Peyron a signalé avoir déclenché sa balise de détresse. Fujifilm, victime d’avaries en cascade depuis la rupture de son flotteur tribord ce matin, risque de se retrouver réduit à sa simple coque centrale. Le skipper pense en effet que le flotteur bâbord ne devrait pas trader à céder à son tour. Trop éloigné des côtes pour être secouru par hélicoptère, Loïck sera récupéré par un navire dérouté.  

"Je suis désolé de vous causer tant de tracas", déclarait ce soir Loïck à la direction de course, lors de la conversation téléphonique, "mais je ne tiens pas à me retrouver sur un monocoque sans quille !" Retour sur la journée "cataclysmique" de Fujifilm…  

Le superbe trimaran vert a perdu ses deux flotteurs et son mât...
Photo : G.Martin-Raget/Promovoile

10h30 : "ça va, ça va… il n’y a que la tête qui ne va pas et la tête va devoir fonctionner dans les heures qui viennent, parce qu’il y a du taf’ à faire dans le bon ordre pour éviter que ça soit pire (…)

En ce moment ça ressemble à la couverture du livre ’Navigation par gros temps’, c’est très beau… C’est blanc, blanc, blanc… Fabuleux. J’ai 6 à 10 mètres de mer voire plus, il y a de gros paquets, et je pense que c’est ça qui a cassé le flotteur. A un moment je me suis retrouvé vraiment couché, j’ai cru que je partais au tapis. J’étais à sec de toile, ça m’a projeté en l’air (…)

Je ne peux pas encore mettre en fuite vent arrière, je vais tout arracher, la partie avant du flotteur commence déjà à s’arracher (…) il pique du nez donc je ne suis pas loin d’aller couper les filets - Oh merde, je crois qu’il a pété ! Non, il est encore là, mais c’est des bouts de carbone qui pètent partout donc ça fait du bruit, c’est normal.

Dans l’immédiat je n’ai pas besoin d’assistance, la chose la plus grave qui puisse arriver c’est que le mât tombe - ou il tombera du bon côté et je me retrouverai en prao sans mât, ou je ferai en sorte qu’il tienne debout"  

13h00 : "Je prévoyais un cataclysme, il est arrivé. Tout est tombé, en abîmant le flotteur bâbord cette fois ci. Nettoyer tout ça c’est le Bronx, et il y a beaucoup de bastaques et de haubans pris dans le safran bâbord. La traction a cassé aussi le safran bâbord, mais pas autant que son défunt collègue dont un bout est arrivé sur le pont pendant le démâtage (…)

Très étonnant, et cataclysmique. Comme le flotteur bâbord se remplit d’eau, je le vois faiblir, le pire est à venir. Si j’arrive à remettre un pilote, je peux me barrer vent arrière dans l’axe des vagues, ça peut me mener sur les côtes portugaises. Si le flotteur casse, ça va être plus dur, car je crois que j’aurai du mal à tenir debout seulement avec les bras (…) C’est la première fois que je fais autant de dégâts d’un coup, j’étais en forme !"

18h11 : Peyron appelle le PC course après avoir déclenché sa balise de détresse pour demander des secours.

Le CROSS Gris-nez coordonne actuellement les secours, cherchant sur la zone le navire le mieux placé pour se porter au secours de Loïck. Fatigué, le skipper prend désormais un peu de repos ce soir à la faveur d’un vent mollissant.

Information Windward / http://www.loickpeyron.com


Additif de la rédaction

20h30 : Interrogé par Patrick Poivre d’Arvor en direct au journal de 20 heures de TF1, Peyron a confirmé que le flotteur bâbord avait cédé... Très calme, Peyron avouait qu’il devrait abandonner pour la première fois son voilier de course.

Fujifilm, son plan Irens avait été construit l’an passé avec pour objectif principal de remporter cette course qui lui avait échappée après cinq participations (une seulement de moins que Mike Birch !). Quasiment invaincu en grand-prix, Fujifilm n’a pas résisté à la tempête exceptionnelle qui a sévi sur l’Atlantique nord.



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